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THÉORIE DE LA TERRE.

quatre fois, et la lune près de cinq fois plus dense que le soleil, elles ne sont cependant que comme des atomes en comparaison de la masse de cet astre.

J’avoue que quelque peu considérable que soit une six cent cinquantième partie d’un tout, il paroît au premier coup d’œil qu’il faudroit, pour séparer cette partie du corps du soleil, une très puissante comète : mais si on fait réflexion à la vitesse prodigieuse des comètes dans leur périhélie, vitesse d’autant plus grande que leur route est plus droite, et qu’elles approchent du soleil de plus près ; si d’ailleurs on fait attention à la densité, à la fixité, et a la solidité de la matière dont elles doivent être composées pour souffrir, sans être détruites, la chaleur inconcevable qu’elles éprouvent auprès du soleil, et si on se souvient en même temps qu’elles présentent aux yeux des observateurs un noyau vif et solide qui réfléchit fortement la lumière du soleil à travers l’atmosphère immense de la comète qui enveloppe et doit obscurcir ce noyau, on ne pourra guère douter que les comètes ne soient composées d’une matière très solide et très dense[1], et qu’elles ne contiennent sous un petit volume une grande quantité de matière ; que par

  1. J’ai dit que les comètes sont composées d’une matière très solide et très dense. Ceci ne doit pas être pris comme une assertion positive et générale ; car il doit y avoir de grandes différences entre la densité de telle ou telle comète, comme il y en a entre la densité des différentes planètes : mais on ne pourra déterminer cette différence de densité relative entre chacune des comètes, que quand on en connoîtra les périodes de révolution aussi parfaitement que l’on connoît les périodes des planètes. Une comète dont la densité seroit seulement comme la densité de la planète de Mercure, double de celle de la terre, et qui auroit à son périhélie autant de vitesse que la comète de 1680, seroit