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ART. I. FORMATION DES PLANÈTES.

la matière opaque qui compose les corps des planètes fut réellement séparée de la matière lumineuse qui compose le soleil[1].

Cette idée sur la cause du mouvement d’impulsion des planètes paroîtra moins hasardée lorsqu’on rassemblera toutes les analogies qui y ont rapport, et qu’on voudra se donner la peine d’en estimer les probabilités. La première est cette direction commune de leur mouvement d’impulsion qui fait que les six planètes vont toutes d’occident en orient. Il y a déjà 64 à parier contre un qu’elles n’auroient pas eu ce mouvement dans le même sens si la même cause ne l’avoit pas produit ; ce qu’il est aisé de prouver par la doctrine des hasards.

Cette probabilité augmentera prodigieusement par la seconde analogie, qui est que l’inclinaison des or-

  1. J’ai dit que la matière opaque qui compose le corps des planètes fut réellement séparée de la matière lumineuse qui compose le soleil.

    Cela pourroit induire en erreur ; car la matière des planètes au sortir du soleil étoit aussi lumineuse que la matière même de cet astre, et les planètes ne sont devenues opaques, ou pour mieux dire obscures, que quand leur état d’incandescence a cessé. J’ai déterminé la durée de cet état d’incandescence dans plusieurs matières que j’ai soumises à l’expérience, et j’en ai conclu, par analogie, la durée de l’incandescence de chaque planète dans le premier mémoire de la partie hypothétique.

    Au reste, comme le torrent de la matière projetée par la comète hors du corps du soleil a traversé l’immense atmosphère de cet astre, il en a entraîné les parties volatiles aériennes et aqueuses qui forment aujourd’hui les atmosphères et les mers des planètes. Ainsi l’on peut dire qu’à tous égards la matière dont sont composées les planètes est la même que celle du soleil, et qu’il n’y a d’autre différence que par le degré de chaleur, extrême dans le soleil, et plus ou moins attiédie dans les planètes, suivant le rapport composé de leur épaisseur et de leur densité. (Add. Buff.)