reflux marchent d’un pas uniforme, et leurs effets s’opèrent d’une manière égale et qu’on prévoit : mais les vents impétueux agissent, pour ainsi dire, par caprice ; ils se précipitent avec fureur et agitent la mer avec une telle violence, qu’en un instant cette plaine calme et tranquille devient hérissée de vagues hautes comme des montagnes, qui viennent se briser contre les rochers et contre les côtes. Les vents changent donc à tout moment la face mobile de la mer : mais la face de la terre, qui nous paroît si solide, ne devroit-elle pas être à l’abri d’un pareil effet ? On sait cependant que les vents élèvent des montagnes de sables dans l’Arabie et dans l’Afrique, qu’ils en couvrent les plaines ; et que souvent ils transportent ces sables à de grandes[1] distances et jusqu’à plusieurs lieues dans la mer, où ils les amoncellent en si grande quantité, qu’ils y ont formé des bancs, des dunes, et des îles. On sait que les ouragans sont le fléau des Antilles, de Madagascar, et de beaucoup d’autres pays, où ils agissent avec tant de fureur, qu’ils enlèvent quelquefois les arbres, les plantes, les animaux, avec toute la terre cultivée ; ils font remonter et tarir les rivières, ils en produisent de nouvelles, ils renversent les montagnes et les rochers, ils font des trous et des gouffres dans la terre, et changent entièrement la surface des malheureuses contrées où ils se forment. Heureusement il n’y a que peu de climats exposés à la fureur impétueuse de ces terribles agitations de l’air.
Mais ce qui produit les changements les plus grands et les plus généraux sur la surface de la terre, ce sont
- ↑ Voyez Bellarmin, de Ascen. mentis in Deum ; Varen. Geogr. gen., page 282 ; Voyages de Pyrard, tome I, page 470.