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THÉORIE DE LA TERRE.

Cela n’empêche pas cependant que son action ne se fasse sentir dans ces plaines par des secousses et des tremblements de terre qui s’étendent quelquefois à une très grande distance, qu’il ne puisse y avoir des voies souterraines par où la flamme et la fumée peuvent se[1] communiquer d’un volcan à un autre, et que dans ce cas ils ne puissent agir et s’enflammer presque en même temps. Mais c’est du foyer de l’embrasement que nous parlons : il ne peut être qu’à une petite distance de la bouche du volcan, et il n’est pas nécessaire, pour produire un tremblement de terre dans la plaine, que ce foyer soit au dessous du niveau de la plaine, ni qu’il y ait des cavités intérieures remplies du même feu ; car une violente explosion, telle qu’est celle du volcan, peut, comme celle d’un magasin à poudre, donner une secousse assez violente pour qu’elle produise par sa réaction un tremblement de terre.

Je ne prétends pas dire pour cela qu’il n’y ait des tremblements de terre produits immédiatement par des feux souterrains ; mais[2] il y en a qui viennent de la seule explosion des volcans. Ce qui confirme tout ce que je viens d’avancer à se sujet, c’est qu’il est très rare de trouver des volcans dans les plaines ; ils sont au contraire tous dans les plus hautes montagnes, et ont tous leur bouche au sommet : si le feu intérieur qui les consume s’étendoit jusque dessous les plaines, ne le verroit-on pas dans le temps de ces violentes éruptions s’échapper et s’ouvrir un passage au travers du terrain des plaines ? et dans le temps de la première

  1. Voyez Trans. phil. abrig’d, vol. II, page 392.
  2. Voyez les Preuves, art. XVI.