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XIV
ÉLOGE DE BUFFON

Ainsi la plus austère philosophie peut pardonner à un physicien de s’être livré à son imagination, pourvu que ses erreurs aient contribué aux progrès des sciences, ne fût-ce qu’en imposant la nécessité de le combattre ; et si les hypothèses de M. de Buffon, sur la formation des planètes, sont contraires à ces mêmes lois du système du monde, dont il avoit été en France un des premiers, un des plus zélés défenseurs, la vérité sévère, en condamnant ces hypothèses, peut encore applaudir à l’art avec lequel l’auteur a su les présenter.

Les objections de quelques critiques, des observations nouvelles, des faits anciennement connus, mais qui lui avoient échappé, forcèrent M. de Buffon d’abandonner quelques points de sa Théorie de la Terre.

Mais, dans ses Époques de La Nature, ouvrage destiné à rendre compte de ses vues nouvelles, à modifier ou à défendre ses principes, il semble redoubler de hardiesse à proportion des pertes que son système a essuyées, le défendre avec plus de force, lorsqu’on l’auroit cru réduit à l’abandonner, et balancer par la grandeur de ses idées, par la magnificence de son style, par le poids de son nom, l’autorité des savants réunis, et même celle des faits et des calculs.

La Théorie de la Terre fut suivie de l’Histoire de l’Homme qui en a reçu ou usurpé l’empire.

La nature a couvert d’un voile impénétrable les lois qui président à la reproduction des êtres ; M. de Buffon essaya de le lever, ou plutôt de deviner ce qu’il cachoit. Dans des liqueurs où les autres naturalistes avoient vu des animaux, il n’aperçut que des molécu-