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XII
ÉLOGE DE BUFFON

quand on l’interroge de bonne foi, et qu’on la laisse dicter seule la réponse.

Dix années furent employées à préparer des matériaux, à former des combinaisons, à s’instruire dans la science des faits, à s’exercer dans l’art d’écrire, et au bout de ce terme le premier volume de l’Histoire naturelle vint étonner l’Europe. En parlant de cet ouvrage, que tous les hommes ont lu, que presque tous ont admiré, qui a rempli, soit par le travail de la composition, soit par des études préliminaires, la vie entière de M. de Buffon, nous ne prendrons pour guide que la vérité ; (car, pourquoi chercherions-nous vainement à flatter par des éloges qui ne dureroient qu’un jour, un nom qui doit vivre à jamais ?) et en évitant, s’il est possible, l’influence de toutes les causes qui peuvent agir sur l’opinion souvent passagère des contemporains, nous tâcherons de prévoir l’opinion durable de la postérité.

La théorie générale du globe que nous habitons, la disposition, la nature et l’origine des substances qu’il offre à nos regards, les grands phénomènes qui s’opèrent à sa surface ou dans son sein ; l’histoire de l’homme et les lois qui président à sa formation, à son développement, à sa vie, à sa destruction ; la nomenclature et la description des quadrupèdes ou des oiseaux, l’examen de leurs facultés, la peinture de leurs mœurs, tels sont les objets que M. de Buffon a traités.

Nous ne connoissons, par des observations exactes, qu’une très petite partie de la surface du globe ; nous n’avons pénétré dans ses entrailles que conduits par l’espérance, plus souvent avide qu’observatrice, d’en tirer ce qu’elles renferment d’utile à nos besoins, de