la marche de la nature, qui se fait toujours par nuances, et à vouloir juger d’un tout par une seule de ses parties : erreur bien évidente, et qu’il est étonnant de retrouver partout ; car presque tous les nomenclateurs n’ont employé qu’une partie, comme les dents, les ongles, ou ergots, pour ranger les animaux, les feuilles ou les fleurs pour distribuer les piantes, au lieu de se servir de toutes les parties et de chercher les différences ou les ressemblances dans l’individu tout entier. C’est renoncer volontairement au plus grand nombre des avantages que la nature nous offre pour la connoître, que de refuser de se servir de toutes les parties des objets que nous considérons ; et quand même on seroit assuré de trouver dans quelques parties prises séparément des caractères constants et invariables, il ne faudroit pas pour cela réduire la connoissance des productions naturelles à celle de ces parties constantes qui ne donnent que des idées particulières et très imparfaites du tout ; et il me paroît que le seul moyen de faire une méthode instructive et naturelle c’est de mettre ensemble les choses qui se ressemblent, et de séparer celles qui diffèrent les unes des autres. Si les individus ont une ressemblance parfaite, ou les différences si petites qu’on ne puisse les apercevoir qu’avec peine, ces individus seront de la même espèce ; si les différences commencent à être sensibles, et qu’en même temps il y ait toujours beaucoup plus de ressemblances que de différences, les individus seront d’une autre espèce, mais du même genre que les premiers ; et si ces différences sont encore plus marquées, sans cependant excéder les ressemblances, alors les individus seront non seulement
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L’HISTOIRE NATURELLE.