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DISCOURS ACADÉMIQUES.

se taire sur le mal moral, exalter le bien, présenter les vertus dans leur plus grand éclat (mais les talents dans leur vrai jour), et les travaux accompagnés, comme les vertus, de ces rayons de gloire dont la chaleur vivifiante fait naître le désir d’imiter les unes, et le courage pour égaler les autres ; toutefois en mesurant les forces de notre foible nature, qui s’effraieroit à la vue d’une vertu gigantesque, et prend pour un fantôme tout modèle trop grand ou trop parfait.

L’éloge d’un souverain sera suffisamment grand, quoique simple, si l’on peut prononcer, comme une vérité reconnue : Notre roi veut le bien et désire d’être aimé ; la toute-puissance, compagne de sa volonté, ne se déploie que pour augmenter le bonheur de ses peuples ; dans l’âge de la dissipation, il s’occupe avec assiduité ; son application aux affaires annonce l’ordre et la règle ; l’attention sérieuse de l’esprit, qualité si rare dans la jeunesse, semble être un don de naissance qu’il a reçu de son auguste père : et la justesse de son discernement n’est-elle pas démontrée par les faits ? Il a choisi pour coopérateur le plus ancien, le plus vertueux, et le plus éclairé de ses hommes d’état[1], grand ministre éprouvé par les revers, dont l’âme pure et ferme ne s’est pas plus affaissée sous la disgrâce qu’enflée par la faveur. Mon cœur palpite au nom du créateur de mes ouvrages, et ne se calme que par le sentiment du repos le plus doux ; c’est que, comblé de gloire, il est au dessus de mes éloges. Ici j’invoque encore la vérité : loin de me démentir, elle approuvera tout ce que je viens de prononcer ; elle pourroit même m’en dicter davantage.

  1. M. le comte de Maurepas.