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DISCOURS ACADÉMIQUES.

vous fîtes de l’archevêché de Tours, qui vous étoit offert, aux délais mêmes que vous avez mis à satisfaire les vœux de l’Académie, qui pourroit méconnoître cette modestie pure que j’ai tâché de peindre ? L’amour des peuples de votre diocèse, la tendresse paternelle qu’on vous connoît pour eux, les marques publiques qu’ils donnèrent de leur joie lorsque vous refusâtes de les quitter, et parûtes plus flatté de leur attachement que de l’éclat d’un siège plus élevé, les regrets universels qu’ils ne cessent de faire encore entendre, ne sont-ils pas les effets les plus évidents de la sagesse, de la modération, du zèle charitable, et ne supposent-ils pas le talent rare de concilier les hommes, en les conduisant ? talent qui ne peut s’acquérir que par une connoissance parfaite du cœur humain, et qui cependant paroît vous être naturel, puisqu’il s’est annoncé dès les premiers temps, lorsque, formé sous les yeux de M. le cardinal de La Rochefoucauld, vous eûtes sa confiance et celle de tout son diocèse ; talent peut-être le plus nécessaire de tous pour le succès de l’éducation des princes ; car ce n’est en effet qu’en se conciliant leur cœur que l’on peut le former.

Vous êtes maintenant à portée, monsieur, de le faire valoir, ce talent précieux ; il peut devenir entre vos mains l’instrument du bonheur des hommes ; nos jeunes princes sont destinés à être quelque jour leurs maîtres ou leurs modèles, ils font déjà l’amour de la nation ; leur auguste père vous honore de toute sa confiance ; sa tendresse, d’autant plus active, d’autant plus éclairée, qu’elle est plus vive et plus vraie, ne s’est point méprise : que faut-il de plus pour faire applaudir à son discernement, et pour justifier son choix ?