comparaison des grands systèmes dont nous venons de parler ; mais on doit se souvenir qu’un Historien est fait pour décrire & non pour inventer, qu’il ne doit se permettre aucune supposition, & qu’il ne peut faire usage de son imagination que pour combiner les observations, généraliser les faits, & en former un ensemble qui présente à l’esprit un ordre méthodique d’idées claires & de rapports suivis & vrai-semblables ; je dis vrai-semblables, car il ne faut pas espérer qu’on puisse donner des démonstrations exactes sur cette matière, elles n’ont lieu que dans les sciences mathématiques, & nos connoissances en Physique & en Histoire Naturelle dépendent de l’expérience & se bornent à des inductions.
Commençons donc par nous représenter ce que l’expérience de tous les tems & ce que nos propres observations nous apprennent au sujet de la terre. Ce globe immense nous offre à la surface, des hauteurs, des profondeurs, des plaines, des mers, des marais, des fleuves, des cavernes, des gouffres, des volcans, & à la première inspection nous ne découvrons en tout cela aucune régularité, aucun ordre. Si nous pénétrons dans son intérieur, nous y trouvons des métaux, des minéraux, des pierres, des bitumes, des sables, des terres, des eaux & des matières de toute espèce, placées comme au hasard & sans aucune règle apparente ; en examinant avec plus d’attention, nous voyons des montagnes [1] affaissées, des rochers fendus &
- ↑ [note originale] Vid. Senec. quæst. lib. 6. cap. 21. Strab.