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sur des évaluations précises & mathématiques, elles n’auroient pas eu à beaucoup près la même force ; mais on doit sentir en même temps qu’il y a très-peu de sujets aussi simples, c’est-à-dire, aussi dénuez de qualités physiques que l’est celui-ci ; car la distance des planètes est si grande qu’on peut les considérer les unes à l’égard des autres comme n’étant que des points ; on peut en même temps, sans se tromper, faire abstraction de toutes les qualités physiques des planètes, & ne considérer que leur force d’attraction : leurs mouvemens sont d’ailleurs les plus réguliers que nous connoissions, & n’éprouvent aucun retardement par la résistance : tout cela concourt à rendre l’explication du système du monde un problème de mathématique, auquel il ne falloit qu’une idée physique heureusement conçue pour le réaliser ; & cette idée est d’avoir pensé que la force qui fait tomber les graves à la surface de la terre, pourroit bien être la même que celle qui retient la lune dans son orbite.

Mais, je le répète, il y a bien peu de sujets en Physique où l’on puisse appliquer aussi avantageusement les sciences abstraites, & je ne vois guère que l’Astronomie & l’Optique auxquelles elles puissent être d’une grande utilité ; l’Astronomie par les raisons que nous venons d’exposer, & l’Optique parce que la lumière étant un corps presqu’infiniment petit, dont les effets s’opèrent en ligne droite avec une vîtesse presqu’infinie, ses propriétés sont presque mathématiques, ce qui fait qu’on peut y appliquer avec quelque succès le calcul & les