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l’Histoire Naturelle

tous les animaux quadrupèdes. On va voir par l’exposition et l’énumération même de ces cinq ordres, que cette division est non seulement arbitraire, mais encore très-mal imaginée ; car cet Auteur met dans le premier ordre l’homme, le singe, le paresseux et le lézard écailleux. Il faut bien avoir la manie de faire des classes pour mettre ensemble des êtres aussi différents que l’homme et le paresseux, ou le singe et le lézard écailleux. Passons au second ordre qu’il appelle Feræ, les bêtes féroces ; il commence en effet par le lion, le tigre, mais il continue par le chat, la belette, la loutre, le veau-marin, le chien, l’ours, le blaireau, et il finit par le hérisson, la taupe et la chauve-souris. Aurait-on jamais cru que le nom de Feræ en latin, bêtes sauvages ou féroces en français, eût pu être donné à la chauve-souris, à la taupe, au hérisson ; que les animaux domestiques, comme le chien et le chat, fussent des bêtes sauvages ? et n’y a-t-il pas à cela une aussi grande équivoque de bon sens que de mots ? Mais voyons le troisième ordre Glires les loirs, ces loirs de M. Linnæus sont le porc-épic, le lièvre, l’écureuil, le castor et les rats ; j’avoue que dans tout cela je ne vois qu’une espèce de rats qui soit en effet un loir. Le quatrième ordre est celui des Jumenta ou bêtes de somme, ces bêtes de somme sont l’éléphant, l’hippopotame, la musaraigne, le cheval et le cochon ; autre assemblage, comme on voit, qui est aussi gratuit et aussi bizarre que si l’Auteur eût travaillé dans le dessein de le rendre tel. Enfin le cinquième ordre Pecora