qu’ils ont fournis, toutes les comparaisons que les Poètes en ont tirées, tous les attributs que certains peuples leur ont accordés, toutes les représentations qu’on en a fait dans les hiéroglyphes, dans les armoiries, en un mot toutes les histoires et toutes les fables dont on s’est jamais avisé au sujet des coqs ou des bœufs. Qu’on juge après cela de la portion d’Histoire Naturelle qu’on doit s’attendre à trouver dans ce fatras d’écritures ; et si en effet l’Auteur ne l’eût pas mise dans des articles séparés des autres, elle n’aurait pas été trouvable, ou du moins elle n’aurait pas valu la peine d’y être cherchée.
On s’est tout-à-fait corrigé de ce défaut dans ce siècle ; l’ordre et la précision avec laquelle on écrit maintenant ont rendu les Sciences plus agréables, plus aisées, et je suis persuadé que cette différence de style contribue peut-être autant à leur avancement que l’esprit de recherche qui règne aujourd’hui ; car nos prédécesseurs cherchaient comme nous, mais ils ramassaient tout ce qui se présentait, au lieu que nous rejetons ce qui nous paraît avoir peu de valeur, et que nous préférons un petit ouvrage bien raisonné à un gros volume bien savant ; seulement il est à craindre que venant à mépriser l’érudition, nous ne venions aussi à imaginer que l’esprit peut suppléer à tout, et que la Science n’est qu’un vain nom.
Les gens sensés cependant sentiront toujours que la seule et vraie science est la connaissance des faits, l’esprit ne peut pas y suppléer, et les faits sont dans les Sciences ce qu’est l’expérience dans la vie civile. On pourrait