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parties des poles se soient abaissées d’environ une lieue, & que les parties de l’équateur se soient élevées de la même quantité. Cela ne s’est pas fait tout à coup, mais peu à peu & dans la succession des temps, la terre étant à l’extérieur exposée aux vents, à l’action de l’air & du soleil, toutes ces causes irrégulières ont concouru avec le flux & reflux pour sillonner sa surface, y creuser des profondeurs, y élever des montagnes, ce qui a produit des inégalités, des irrégularités dans cette couche de terre remuée, dont cependant la plus grande épaisseur ne peut être que d’une lieue sous l’équateur ; cette inégalité de deux lieues est peut-être la plus grande qui puisse être à la surface de la terre, car les plus hautes montagnes n’ont guère qu’une lieue de hauteur, & les plus grandes profondeurs de la mer n’ont peut-être pas une lieue.

La théorie est donc vraie, & la pratique peut l’être aussi ; la terre a dû d’abord n’étre élevée sous l’équateur que d’environ six lieues & demie de plus qu’au pole, & ensuite par les changemens qui sont arrivez à sa surface, elle a pû s’élever davantage. L’Histoire Naturelle confirme merveilleusement cette opinion, & nous avons prouvé dans le discours précédent, que c’est le flux & reflux & les autres mouvemens des eaux qui ont produit les montagnes & toutes les inégalités de la surface du globe, que cette même surface a subi des changemens très-considérables, & qu’à de grandes profondeurs, comme sur les plus grandes hauteurs, on trouve des os, des coquilles & d’autres dépouilles d’animaux habitans