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des précipices, en sorte qu’il est difficile à tirer et souvent plus difficile encore à trouver lorsqu’on l’a tué. Il est remarquable par un grand coqueluchon noir qui embrasse la tête et la gorge et qui descend sur la poitrine en forme de pièce pointue ; c’est sans doute à cause de ce coqueluchon qu’on lui a donné le nom de religieuse. Il a tout le dessus du corps d’un jaune plus ou moins brun, les couvertures des ailes et les pennes de la queue brunes bordées de jaune, les pennes des ailes d’un noirâtre plus ou moins foncé, bordé de gris clair ou de blanc, tout le dessous du corps et les jambes d’un jaune clair, les pieds cendrés et le bec rougeâtre.

XLIII.Le merle noir et blanc d’Abyssinie.

Le noir règne sur toute la partie supérieure, depuis et compris le bec jusqu’au bout de la queue, à l’exception néanmoins des ailes, sur lesquelles on aperçoit une bande transversale blanche qui tranche sur ce fond noir ; le blanc règne sur la partie inférieure, et les pieds sont noirâtres. Cet oiseau[NdÉ 1] est à peu près de la grosseur du mauvis, mais d’une forme un peu plus arrondie ; il a la queue ronde et carrée par le bout, et les ailes si courtes qu’elles ne s’étendent guère au delà de l’origine de la queue ; il chante à peu près comme le coucou, ou plutôt comme ces horloges de bois qui imitent le chant du coucou.

Il se tient dans les bois les plus épais, où il serait souvent difficile de le découvrir s’il n’était décelé par son chant, ce qui peut faire douter qu’en se cachant si soigneusement dans les feuillages il ait l’intention de se dérober au chasseur ; car avec une pareille intention il se garderait bien d’élever la voix : l’instinct, qui est toujours conséquent, lui eût appris que souvent ce n’est point assez de se cacher dans l’obscurité pour vivre heureux, mais qu’il faut encore savoir garder le silence.

Cet oiseau vit de fruits et de baies, comme nos merles et nos grives.

XLIV.Le merle brun d’Abyssinie.

Les anciens ont parlé d’un olivier d’Éthiopie qui ne porte jamais de fruit : le merle de cet article[NdÉ 2] se nourrit en partie de la fleur de cette espèce d’olivier ; et, s’il s’en tenait là, on pourrait dire qu’il est du très petit nombre qui ne vit pas aux dépens d’autrui ; mais il aime aussi les raisins, et dans la saison il en mange beaucoup. Ce merle est à peu près de la grosseur du mauvis ; il a tout le dessus de la tête et du corps brun ; les couvertures des ailes de même couleur ; les pennes des ailes et de la queue d’un brun foncé, bordé d’un brun plus clair, la gorge d’un brun clair, tout le dessous du corps d’un jaune fauve, et les pieds noirs.



  1. Ce n’est pas un Merle, mais bien le Lanius æthiopicus Vieill. [Note de Wikisource : actuellement Laniarius aethiopicus Gmelin, vulgairement gonolek d’Abyssinie].
  2. Turdus (Merula) abyssinicus Lath. [Note de Wikisource : actuellement Turdus abyssinicus Gmelin, vulgairement merle abyssinien].