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LA SITTELLE. 649

particulier celui-ci ait la moindre intention de battre sa femme ; je croirais bien plutôt que cette femelle, qui se fait désirer si longtemps avant la ponte, est la première à se retirer après l’éducation de la famille, et que lorsque le mâle la rencontre après une absence un peu longue, il l’accueille par des caresses d’autant plus vives, même un peu brusques, et que des gens qui n’y regardent pas de si près auront prises pour de mauvais traitements.

La sittelle se tait la plus grande partie de l’année ; son cri ordinaire est ti, ti, ti, ti, ti, ti, ti, qu’elle répète en grimpant autour des arbres, et dont elle précipite la mesure de plus en plus. M. Linnæus nous apprend, d’après M. Strom, qu’elle chante aussi pendant la nuit (a).

Outre ses différents cris et le bruit qu’elle fait en battant l’écorce, la sit- telle sait encore, en mettant son bec dans une fente, produire un autre son très singulier, comme si elle faisait éclater l’arbre en deux et si fort qu’il se fait entendre à plus de cent toises (b).

On a observé qu’elle marchait en sautillant, qu’elle dormait la tête sous l’aile et qu’elle passait la nuit sur le plancher de sa cage, quoiqu’il y eût deux juchoirs où elle pouvait se percher. On dit qu’elle ne va point boire aux fontaines, et par conséquent on ne la prend point à l’abreuvoir. Schwenckfeld rapporte qu’il en a pris souvent en employant le suif pour tout appât ; ce qui est un nouveau trait de conformité avec les mésanges qui, comme on l’a vu, aiment toutes les graisses.

Le mâle pèse près d’une once et la femelle cinq à six gros seulement (c). Le premier a toute la partie supérieure de la tête et du corps, et même les deux pennes intermédiaires de la queue, d’un cendré bleuâtre ; la gorge et les joues blanchâtres, la poitrine et le ventre orangés : les flancs, les jambes et les environs de l’anus d’une teinte plus rembrunie tirant au marron ; les couvertures inférieures de la queue blanchâtres, bordées de roux, s’éten- dant à cinq lignes du bout de la queue ; un bandeau noir qui part des narines, passe sur les yeux et s’étend en arrière au delà des oreilles ; les grandes couvertures supérieures et lès pennes des ailes brunes, bordées de gris plus ou moins foncé ; les pennes latérales de la queue noires, terminées de cen- dré ; la plus extérieure bordée de blanc sur la moitié de sa longueur et tra- versée vers le bout par une tache de même couleur ; les trois suivantes mar- quées d’un tache blanche sur le côté intérieur ; le bec cendré dessus, plus clair dessous, les pieds gris, le fond des plumes cendré noirâtre.

(a) « Noctu cantillat. » Syst. nat., édit. XIII, p. 177.

(b) Voyez la Zoologie britannique, g. 9, sp. 1, p. 82. Outre leur toque, toque, toque, contre le bois, ces oiseaux frottent leur bec contre des branches sèches et creuses, et font un bruit grrrrrro qu’on entend de très loin, et qu’on imaginerait venir d’un oiseau vingt fois plus gros. C’est ce que m’a assuré un vieux garde-chasse qui certainement n’avait point lu la Zoologie britannique.

(c) Un individu desséché à la cheminée depuis un an, et fort bien conservé, ne pesait que deux gros et demi.