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644 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

certaine uniformité qui ne ressemble guère à la nature et qui justifie les soupçons de Willughby.

VI. — LA MÉSANGE AMOUREUSE (a).

La Chine a aussi ses mésanges : en voici une (*) dont nous devons la connaissance à M. l’abbé Gallois, qui l’avait apportée de l’extrémité de l’Asie et qui la fit voir à M. Commerson en 1769. C’est sur la foi de celui-ci que je place cet oiseau à la suite des mésanges, dont il s’éloigne visiblement par la longueur et la forme de son bec.

Le surnom d’amoureuse donné à cette espèce indique assez la qualité do- minante de son tempérament : en effet le mâle et la femelle ne cessent de se caresser ; au moins, dans la cage, c’est leur unique occupation ; ils s’y livrent, dit-on, jusqu’à l’épuisement, et de cette manière non seulement ils charment les ennuis de la prison, mais ils les abrègent ; car on sent bien qu’avec un pareil régime ils ne doivent pas vivre fort longtemps, par cette règle générale que l’intensité de l’existence en diminue la durée. Si tel est leur but, s’ils ne cherchent en effet qu’à faire finir promptement leur capti- vité, il faut avouer que dans leur désespoir ils savent choisir des moyens assez doux. M. Commerson ne nous dit pas si ces oiseaux remplissent avec la même ardeur toutes les autres fonctions relatives à la perpétuité de l’es- pèce, telles que la construction du nid, l’incubation, l’éducation ; enfin, s’ils pondent, comme nos mésanges, un grand nombre d’œufs. D’après la marche ordinaire de la nature, qui est toujours conséquente, l’affirmative est assez probable, avec toutes les modifications néanmoins que doit y apporter la dif- férence de climat et les bizarreries de l’instinct particulier, qui n’est pas toujours aussi conséquent que la nature.

Leur plumage est en entier d’un noir d’ardoise qui règne également sur le dessus et le dessous du corps, et dont l’uniformité n’est interrompue que par une bande mi-partie de jaune et de roux, posée longitudinalement sur l’aile, et formée par la bordure extérieure de quelques-unes des pennes moyennes ; cette bande a trois dentelures à son origine, vers le milieu de l’aile, qui est composée de quinze ou seize pennes assez peu différentes en longueur.

La mésange amoureuse pèse trois gros : elle est de la forme des autres mésanges, et d’une taille moyenne (b) ; mais elle a la queue courte, et par

(a) Parus erastes, l’amoureux de la Chine. Commerson. — Quelques-uns lui donnent le nom de chanoinesse, à cause de sa robe noire et de ses petites manchettes, comme on a donné le nom de chanoine au bouvreuil, celui de nonnette à la charbonnière, etc.

(b) M. Commerson, dans une note écrite de sa main, après avoir dit qu’elle ne pesait que trois gros, ajoute qu’elle est de la taille de notre grosse charbonnière, qui cependant pèse une fois davantage, au moins.

(*) Parus amatorius Gmel.