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636 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

caution d’autant plus utile, que les pennes de sa queue se détachent avec facilité et tombent au plus léger froissement (a). Son nid diffère encore de celui du remiz, en ce qu’il est plus grand (b), d’une forme plus approchante de la cylindrique ; que le tissu n’en est pas aussi serré ; que le contour de sa petite entrée ne forme pas communément au dehors un rebord saillant (c) ; que son enveloppe extérieure est composée de brins d’herbe, de mousse, de lichen, en un mot de matériaux plus grossiers, et que le dedans est garni d’une grande quantité de plumes et non de matière cotonneuse que fournis- sent les saules et les autres plantes dont il a été parlé à l’article du remiz.

Les mésanges à longue queue pondent de dix à quatorze œufs, même jusqu’à vingt, tous cachés presque entièrement dans les plumes qu’elles ont amassées au fond du nid : ces œufs sont de la grosseur d’une noisette, leur plus grand diamètre étant de six lignes ; ils sont environnés d’une zone rou- geâtre sur un fond gris, lequel devient plus clair vers le gros bout.

Les jeunes vont avec les père et mère pendant tout l’hiver, et c’est ce qui forme ces troupes de douze ou quinze qu’on voit voler ensemble dans celte saison, jetant une petite voix claire seulement pour se rappeler ; mais au printemps leur ramage prend une nouvelle modulation, de nouveaux ac- cents (d), et il devient beaucoup plus agréable.

Aristote assure que ces oiseaux sont attachés aux montagnes ; Belon nous dit qu’il les avait observés en toutes contrées, et Belon avait voyagé ; il ajoute qu’ils quittent rarement les bois pour venir dans les jardins ; Willughby nous apprend qu’en Angleterre ils fréquentent plus les jardins que les mon- tagnes ; M. Hébert est du même avis que Willughby, en restreignant toute- fois son assertion à l’hiver seulement ; selon Gessner, ils ne paraissent qu’au temps des froids, et ils se tiennent dans les endroits marécageux et parmi les roseaux, d’où ils ont tiré leur nom de mésanges de roseaux ; M. Daubenton

(a) C’est ce qui lui a fait donner le nom de perd-sa-queue.

(b) J’ai mesuré de ces nids qui avaient environ huit pouces de hauteur sur quatre de lar- geur.

(c) Cajetan Monti prétend que cela n’a jamais lieu. « Ostio in tubulum protenso, » dit au contraire Daniel Titius, p. 33. Ces observations opposées peuvent être également vraies, pourvu qu’on les restreigne aux lieux et aux temps où elles ont été faites, et qu’on ne veuille pas les donner pour des résultats généraux. Il est probable que ce nid suspendu à une branche de saule avancée sur l’eau, fait en forme de sac, composé de matière cotonneuse et de plumes, trouvé en 1745 aux environs de Prentzlow dans la Marche Ukraine, et dont parle Daniel Titius, p. 14, était un nid de mésange à longue queue ; car si l’on voulait le regarder comme celui d’un remiz, il faudrait supposer que le remiz emploie des plumes dans la con- struction de son nid, ce qui est contraire à toutes les observations, au lieu que la mésange à longue queue les emploie tant au dedans qu’au dehors, mais beaucoup plus au dedans.

(d) « Il chante si plaisamment au printemps, dit Belon, qu’il n’y a guère autre oiseau qui ait la voix plus hautaine et plus aérée. » Nat. des oiseaux. — Gessner dit que dans cette même saison la mésange à longue queue dit guickeg, guickeg. Selon toute apparence, ce n’est pas là le chant plaisant dont Belon a voulu parler. D’autres disent que cette mésange a la voix faible et un petit cri assez clair, ti, ti, ti, ti ; mais ce petit cri n’est pas sans doute le ramage qu’elle fait entendre au printemps.