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624 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

bles par les couleurs de leur plumage ; le bleu domine sur la partie supé- rieure, le jaune sur l’inférieure, le noir et le blanc paraissent distribués avec art pour séparer et relever ces couleurs, qui se multiplient encore en passant par différentes nuances. Une autre circonstance qui a pu contribuer à faire connaître la mésange bleue, mais en mauvaise part, c’est le dom- mage qu’elle cause dans nos jardins en pinçant les boutons des arbres frui- tiers ; elle se sert même, avec une singulière adresse, de ses petites griffes pour détacher de sa branche le fruit tout formé qu’elle porte ensuite à son magasin : ce n’est pas toutefois son unique nourriture, car elle a les mêmes goûts que les autres mésanges, la même inclination pour la chair, et elle ronge si exactement celle des petits oiseaux dont elle peut venir à bout, que M. Klein propose de lui donner leur squelette à préparer (a). Elle se distingue entre toutes les autres par son acharnement contre la chouette (b). M. le vicomte de Querhoënt a remarqué qu’elle ne perce pas toujours les grains de chènevis comme les autres mésanges, mais qu’elle les casse quelquefois dans son bec comme les serins et les linottes ; il ajoute qu’elle paraît plus avisée que les autres, en ce qu’elle se choisit pour l’hiver un gîte plus chaud et de plus difficile accès : ce gîte n’est ordinairement qu’un arbre creux ou un trou de muraille ; mais on sait bien qu’il y a du choix à tout.

La femelle fait son nid dans ces mêmes trous et n’y épargne pas les plumes ; elle y pond au mois d’avril un grand nombre de petits œufs blancs ; j’en ai compté depuis huit jusqu’à dix-sept dans un même nid ; d’autres en ont trouvé jusqu’à vingt-deux, aussi passe-t-elle pour la plus féconde ; on m’assure qu’elle ne fait qu’une seule couvée, à moins qu’on ne la trouble et

Ordo avium, p. 85. — Parus cæruleus minimus. Jonston, Aves, p. 86. — Barrère, Specim. novum, class. 3, gen. 24, petite mésange bleue. — Parus minor ; en anglais, the nun. Char- leton, Exercit. canonarum class., gen. 5, sp. 2. — « Parus remigibus cærulescentibus, primâ margine exteriore albâ ; vertice cæruleo ; » en suédois, blao-mees. Linnæus, Fauna

Suecica, n° 240, 267. — Kramer, Elenchus Austr. inf., p. 379 ; en autrichien, blau-meise. — « Parus remigibus cærulescentibus ; primoribus margine exteriore albis, fronte albâ, vertice cæruleo. » Linnæus, Syst. nat., édit. XIII, p. 341, n° 5. — Muller, Zoolog, Dan. prodrom., n° 285 ; en danois et norwégien, blaa meise. — « Parus supernè dilutè viridi-olivaceus, infernè luteus ; medio ventre candido ; vertice et torque cæruleis ; tæniâ albâ verticem cin- gente, fasciâ per oculos et gutture nigris ; tæniâ transversâ in alis candidâ ; rectricibus cæruleis, extimâ exteriùs albo fimbriatâ... » Parus cæruleus, la mésange bleue. Brisson, t. III, p. 544. — Marenge bleue, mésange ou tête de faïence ; en Berry, petite cendrille bleue, en Sologne, petite arderelle ou arderolle bleue. Salerne, Hist. nat. des oiseaux, p. 215. Un Allemand amateur d’oiseaux lui a appris que, dans son pays, on donnait à cette espèce le nom de meel-meise (mésange farinière), parce qu’elle aime la farine. Ibidem. — En Provence, serre-fine à tête bleue.

(a) Il conseille la précaution d’enlever auparavant la plus grande partie des chairs et de la cervelle de l’oiseau dont on veut avoir le squelette bien disséqué.

(b) Gessner prétend qu’étant plus petite, elle est aussi plus douce et moins méchante ; mais il paraît que ce n’est qu’une conjecture fondée sur un raisonnement très fautif, au lien que ce que je dis est fondé sur l’observation.