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620 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

puisqu’elle se plaît, dit M. Linnæus, sur les aunes, et que les aunes sont, comme on sait, des arbres aquatiques, croissant dans les endroits humides et marécageux ; enfin, si l’on considère les traits nombreux de conformité qui se trouvent entre ces deux espèces, même séjour, même taille, même envergure, mêmes couleurs distribuées à peu près de même, on sera porté à regarder la nonnette cendrée comme une variété dans l’espèce de la petite charbonnière : c’est le parti qu’ont pris, avec raison, les auteurs de la Zoo- logie britannique, et c’est celui auquel nous croyons devoir nous arrêter, toutefois en conservant les noms anciens et nous contentant d’avertir que cette diversité de noms n’indique pas ici une différence d’espèces.

La nonnette cendrée se tient dans les bois plus que dans les vergers et les jardins, vivant de menues graines, faisant la guerre aux guêpes, aux abeilles et aux chenilles, formant des provisions de chènevis lorsqu’elle trouve l’oc- casion, en prenant à la fois plusieurs grains dans son bec pour les porter au magasin et les manger ensuite à loisir : c’est sans doute sa manière de manger qui l’oblige d’être prévoyante ; il lui faut du temps, il lui faut un lieu commode et sûr pour percer chaque grain à coups de bec, et si elle n’avait pas de provisions, elle serait exposée souvent à souffrir la faim. Cette mésange se trouve en Suède et même en Norvège, dans les forêts qui bor- dent le Danube, en Lorraine, en Italie, etc. M. Salerne dit qu’on ne la connaît point dans l’Orléanais, ni aux environs de Paris, ni dans la Normandie ; elle se plaît sur les aunes, sur les saules, et par conséquent dans les lieux aqua- tiques, d’où lui est venu son nom de mésange de marais. C’est un oiseau solitaire qui reste toute l’année, et que l’on nourrit difficilement en cage. On m’a apporté son nid, trouvé au milieu d’un petit bois en coteau, dans un pommier creux, assez près d’une rivière ; ce nid consistait en un peu de mousse déposée au fond du trou ; les petits, qui volaient déjà, étaient un peu plus bruns que le père, mais ils avaient les pieds d’un plombé plus clair ; nulle échancrure sur les bords du bec, dont les deux pièces étaient bien égales ; ce qu’il y avait de remarquable, c’est que le gésier des petits était plus gros que celui des vieux, dans la raison de cinq à trois ; le tube intes- tinal était aussi plus long à proportion ; mais les uns ni les autres n’avaient ni vésicule du fiel, ni le moindre vestige de cæcum. J’ai trouvé dans le gésier du père quelques débris d’insectes et un grain de terre sèche, et dans le gésier des jeunes plusieurs petites pierres.

La nonnette cendrée est un peu plus grosse que la petite charbonnière, car elle pèse environ trois gros. Je ne donnerai point la description de son plumage ; il suffit d’avoir indiqué ci-dessus les différences principales qui se trouvent entre ces deux oiseaux.

Longueur totale, quatre pouces un tiers ; bec, quatre lignes ; tarse, sept lignes ; vol, sept pouces ; queue, deux pouces, composée de douze pennes, dépasse les ailes de douze lignes.