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d’effet qu’il est contigu par en haut et par en bas à une couleur plus claire ; car la gorge et tout le dessous du corps sont d’un jaune assez vif. Des deux extrémités du bord supérieur de ce plastron partent comme deux cordons de même couleur, qui, d’abord s’élevant de chaque côté vers la tête, servent de cadre à la belle plaque jaune orangé de la gorge, et qui, se courbant ensuite pour passer au-dessous des yeux, vont se terminer et en quelque manière s’implanter à la base du bec. Deux sourcils jaunes, qui prennent naissance tout proche des narines, embrassent l’œil par-dessus, et, se trouvant en opposition avec les espèces de cordons noirs qui l’embrassent pardessous, donnent encore du caractère à la physionomie. Toute la partie supérieure de cet oiseau est olivâtre ; mais cette couleur semble ternie par un mélange de cendré sur le sommet de la tête, et elle est au contraire plus éclatante sur le croupion et sur le bord extérieur des pennes de l’aile : les plus grandes de ces pennes sont terminées de brun ; les deux intermédiaires de la queue sont d’un vert olive, comme tout le dessus du corps, et les dix latérales sont noires, terminées de jaune.

La femelle n’a ni la plaque noire de la poitrine, ni les cordons de même couleur qui semblent lui servir d’attaches : elle a la gorge grise, la poitrine et le ventre d’un jaune verdâtre, et tout le dessus du corps de la même couleur, mais plus foncée. En général, cette femelle ne diffère pas beaucoup de l’oiseau représenté dans les planches enluminées, no 358, sous le nom de merle à ventre orangé du Sénégal.

M. Brisson a donné le plastron-noir dont il s’agit dans cet article comme venant du cap de Bonne-Espérance, et il en venait certainement, puisqu’il en avait été rapporté par M. l’abbé de La Caille ; mais, s’il en faut croire M. Edwards, il venait encore de plus loin, et son véritable climat est l’île de Ceylan. M. Edwards a été à portée de prendre des informations exactes à ce sujet de M. Jean-Gédéon Loten, qui avait été gouverneur de Ceylan, et qui a son retour des Indes fit présent à la Société royale de plusieurs oiseaux de ce pays, parmi lesquels était un plastron-noir. M. Edwards ajoute une réflexion très juste que j’ai déjà prévenue dans les volumes précédents et qu’il ne sera pas inutile de répéter ici : c’est que le cap de Bonne-Espérance étant un point de partage où les vaisseaux abordent de toutes parts, on doit y trouver des marchandises, par conséquent des oiseaux de tous les pays, et que très souvent on se trompe en supposant que tous ceux qui viennent de cette côte en sont originaires. Cela explique assez bien pourquoi il y a dans les Cabinets un si grand nombre d’oiseaux et d’autres animaux soi-disant du cap de Bonne-Espérance.