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616 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

mesure que les plumes croissent ; ils prennent leur volée au bout de quinze jours, et l’on a observé que leur accroissement était plus rapide quand la saison était pluvieuse ; une fois sortis du nid, ils n’y rentrent plus, mais se tiennent perchés sur les arbres voisins, se rappelant sans cesse entre eux (a), et ils restent ainsi attroupés jusqu’à la nouvelle saison, temps où ils se séparent deux à deux pour former de nouvelles familles. On trouve des petits dans les nids jusqu’à la fin du mois de juin, ce qui indique que les charbonnières font plusieurs pontes : quelques-uns disent qu’elles en font trois, mais ne serait-ce pas lorsqu’elles ont été troublées dans la première qu’elles en entreprennent une seconde, etc. ? Avant la première mue on dis- tingue le mâle, parce qu’il est et plus gros et plus colérique. En moins de six mois tous ont pris leur entier accroissement, et quatre mois après la première mue ils sont en état de se reproduire. Suivant Olina, ces oiseaux ne vivent que cinq ans, et, selon d’autres, cet âge est celui où commencent les fluxions sur les yeux, la goutte, etc. ; mais ils perdent leur activité sans perdre leur caractère dur, qu’aigrissent encore les souffrances (b). M. Lin- næus dit qu’en Suède ils se tiennent sur les aunes, et que l’été ils sont fort communs en Espagne.

La charbonnière a sur la tête une espèce de capuchon d’un noir brillant et lustré qui, devant et derrière, descend à moitié du cou et a de chaque côté une grande tache blanche presque triangulaire ; du bas de ce capuchon, par devant, sort une bande noire, longue et étroite, qui parcourt le milieu de la poitrine et du ventre, et s’étend jusqu’à l’extrémité des couvertures inférieures de la queue : celles-ci sont blanches, ainsi que le bas-ventre ; le reste du dessous du corps, jusqu’au noir de la gorge, est d’un jaune tendre ; un vert d’olive règne sur le dessus du corps, mais cette couleur devient jaune, et même blanche en s’approchant du bord inférieur du capuchon ; elle s’obscurcit au contraire du côté opposé, et se change en un cendré bleu sur le croupion et les couvertures supérieures de la queue ; les deux premières pennes de l’aile sont d’un cendré brun sans bordures ; le reste des grandes pennes sont bordées de cendré bleu, et les moyennes d’un vert d’olive qui prend une teinte jaune sur les quatre dernières ; les ailes ont une raie transversale d’un blanc jaunâtre ; tout ce qui paraît des pennes de la queue est d’un cendré bleuâtre, excepté la plus extérieure, qui est bordée de blanc, et la suivante, qui est terminée de la même couleur ; le fond des plumes noires est noir, celui des blanches est blanc, celui des jaunes est noirâtre, et celui des olivâtres est cendré : cet oiseau pèse environ une once.

Longueur totale, six pouces ; bec, six lignes et demie : les deux pièces égales, la supérieure sans aucune échancrure ; tarse, neuf lignes ; ongle

(a) C’est peut-être par un effet de cette habitude du premier âge que les mésanges accou- rent si vite dès qu’elles entendent la voix de leurs semblables.

(b) Voyez Journal de Physique, août 1776.