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606 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

LES MÉSANGES

Quoique Aldrovande ait appliqué particulièrement au roitelet le nom de parra, je crois que Pline s’en est servi pour désigner en général nos mé- sanges (*), et qu’il regardait ce genre comme une branche de la famille des pics, famille beaucoup plus étendue, selon lui, qu’elle ne l’est selon les naturalistes modernes. Voici mes preuves :

1° Pline dit que les pics sont les seuls oiseaux qui fassent leur nid dans des trous d’arbres (b), et l’on sait que plusieurs espèces de mésanges ont aussi cette habitude ;

2° Tout ce qu’il dit de certains pics qui grimpent sur les arbres comme les chats, qui s’accrochent la tête en bas, qui cherchent leur nourriture sous l’écorce, qui la frappent à coups de bec (c), etc., convient aux mésanges comme aux pics ;

3° Ce qu’il dit de certains autres pies qui suspendaient leur nid à l’extré- mité des jeunes branches, en sorte qu’aucun quadrupède n’en pouvait approcher (d), ne peut convenir qu’à certaines espèces de mésanges, telles que le remiz et la penduline, et point du tout aux pics proprement dits ;

(a) Αὶγιθαλάς, Aristote, Hist. animal., lib. viii, cap. iii. — Belon, dit mal à propos, dans ses Observations, fol. 10, que les Grecs nomment la mésange parus, car ce nom parus est un mot latin que Gaza a employé comme l’équivalent du mot grec Αλγιθαλὸς. — Parra. Pline, Nat, Historia, lib.x, cap. xxxiii. — Parus, parix, mesanga ; dans quelques cantons d’Italie, parula ; en d’autres, parizola, patascio, parruza, zinzin, orbesina, sparuoczolo ; en Savoie, mayenche ; en allemand, mayss, mayse, maysslin ; en anglais, tit-mouse : peut-être, dit Ray, parce que ces oiseaux nichent dans des trous de murailles comme les souris ; en illyrien, sykora ; vulgairement en Bourgogne, quinqueneres, pique-mouches ; en Provence serre- fine.

(6) « Pullos educant in cavis avium soli. » Lib. x. cap. xviii.

(c) « Scandentes in subrectum felium modo ; illi vero et supini percussi corticis sono, pabulum subesse intelligunt. » Plin., lib. x, cap. xviii.

(d) « Picorum aliquis suspendit in circulo (nidum)... ut nullus quadrupes accedere possit. » Idem, lib. x, cap. xxxiii.

(*) Les Mésanges (Parus) sont des Passereaux du groupe des Dentirostes et de la famille des Parides. Elles ont le bec court, conique, légèrement recourbé, pointu sans être acéré, comprimé latéralement ; leurs pattes sont fortes, leurs ongles sont gros ; leurs ailes sont courtes et larges, leur queue est à peu près arrondie ou légèrement échancrée ; les couleurs de leur plumage sont vives ; les deux sexes sont à peu près semblables.