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598 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

nom de bœuf qu’il porte dans plusieurs provinces, lui est donné par anti- phrase à cause de son extrême petitesse (a).

Cet oiseau de notre continent paraît avoir deux représentants dans l’autre : le roitelet ou troglodyte de Buénos-Ayres, donné dans nos planches enlu- minées, n° 730, fig. 2, et le troglodyte de la Louisiane, même planche, fig. 1. Le premier avec la même grandeur et les mêmes couleurs, seulement un peu plus tranchées et plus distinctes, pourrait être regardé comme une variété de celui d’Europe. M. de Commerson, qui l’a vu à Buenos-Ayres, ne dit rien autre chose de ses habitudes naturelles, sinon qu’on le voit sur l’une et l’autre rive du fleuve de la Plata, et qu’il entre de lui-même dans les vaisseaux pour y chasser aux mouches.

Le second est d’un tiers plus grand que le premier : il a la poitrine et le ventre d’un fauve jaunâtre, une petite raie blanche derrière l’œil ; le reste du plumage sur la tête, le dos, les ailes et la queue, de la même couleur, et madré de même que celui de notre troglodyte. Le P. Charlevoix loue le chant du troglodyte ou roitelet du Canada (b), qui probablement est le même que celui de la Louisiane.

LE ROITELET (c) (d)

C’est ici le vrai roitelet (*), comme l’a très bien prouvé M. de Buffon ; on aurait toujours dû l’appeler ainsi, et c’est par une espèce d’usurpation, fort

(a) « Le roitelet roux à queue retroussée, qu’on trouve partout et en tout temps, même dans les villes, a la voix fort mélodieuse ; il chante même par les plus grands froids, et il est très commun, on l’appelle en Brie le bœuf. » (Note de M. Hébert.)

(b) Histoire de la Nouvelle-France, t. III, p. 556.

(c) Voyez les planches enluminées, n° 651, fig. 3, où cet oiseau est représenté sous les noms de souci et de poul.

(d) Tyrannus, ό Tύραννος, Aristote, Hist. animal., lib. iii, cap. viii. Rex avium, ibidem, lib. ix, cap. i. — Trochilos, rex avium. Pline, Hist. nat., lib. x, cap. lxxiv. — Tρόχιλος, Élien, lib. xii, cap. xv. Cet auteur dit qu’il y a nombre d’espèces de ce genre, mais dont les noms sont trop durs à prononcer ; en conséquence il se borne à citer le trochilos cladaroryn· chos, dont le nom lui a paru plus doux à l’oreille ; c’est le cure-dent du crocodile dont il sera question plus bas ; mais ce n’est point le roitelet de cet article ; je suppose que ce roitelet est l’une des nombreuses espèces de trochili qu’Élien s’est contenté d’indiquer en général,

(*) Sous le nom de Roitelet, Buffon réunit probablement deux espèces que distinguent les ornithologistes modernes et qui vivent presque toujours ensemble, le Regulus cristatus et le Regulus pyrocephalus. Voici, d’après Brehm, les caractères de ces deux espèces.

Regulus cristatus : dos vert de serin, ventre gris clair ; gorge blanc grisâtre, milieu du sommet de la tête jaune safran avec les côtés jaune d’or limités par une raie noire, deux bandes claires au travers de l’aile ; œil brun, bec noir, pattes brun clair.

Regulus pyrocephalus : diffère du précédent par une ligne blanche qui passe au-dessus de l’œil et une ligne noire qui passe sur l’œil ; sommet de la tête rouge feu sur le milieu, jaune feu sur les côtés, entouré d’un cercle noir plus large que celui de l’espèce précédente ; taille un peu plus petite que celle du Roitelet huppé.