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592 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

heureusement il survient des frimas dans ces premiers temps de leur retour, ils sont saisis du froid et tombent morts sur les chemins (a).

Cette petite et faible espèce ne laisse pas d’être très répandue ; elle s’est portée jusqu’en Suède, où Linnæus dit qu’elle habite dans les saussaies (b) : on la connaît dans toutes nos provinces : en Bourgogne sous le nom de fénérotet, en Champagne sous celui de fretillet ; en Provence sous celui de fifi (c) : on le trouve aussi en Italie (d), et les Grecs semblent l’avoir connu sous le nom de oestros (asylus) (e) : il y a même quelque apparence que le petit roitelet vert non huppé (f) de Bengale, donné par M. Edwards, n’est qu’une variété de notre pouillot d’Europe.

LE GRAND POUILLOT

Nous connaissons un autre pouillot, moins petit d’un quart que celui dont nous venons de donner la description, et qui en diffère aussi par les cou- leurs ; il a la gorge blanche et le trait blanchâtre sur l’œil ; une teinte rous- sâtre sur un fond blanchâtre couvre la poitrine et le ventre ; la même teinte forme une large frange sur les couvertures et les pennes de l’aile, dont le fond est de couleur noirâtre ; un mélange de ces deux couleurs se montre sur le dos et la tête. Du reste, ce pouillot est de la même forme que le petit pouillot commun. On le trouve en Lorraine, d’où il nous a été envoyé ; mais comme nous ne savons rien de ses habitudes naturelles, nous ne pou- vons prononcer sur l’identité de ces deux espèces.

A l’égard du grand pouillot (*) que M. Brisson, d’après Willughby, donne comme une variété de l’espèce du pouillot commun, et qui a le double de grandeur, il est difficile, si cela n’est pas exagéré, d’imaginer qu’un oiseau qui a le double de grandeur soit de la même espèce. Nous croyons plutôt que Willughby aura pris pour un pouillot la fauvette de roseaux qui lui ressemble assez, et qui est effectivement une fois plus grosse que le pouillot commun.

(a) « Ce petit oiseau est si faible, qu’en lui jetant une motte de terre sur la branche où il se tient, la secousse l’étourdit et l’abat. » Salerne.

(b) Fauna Suecica, n° 236.

(c) M. Guys.

(d) In agro Bononiensi aliquando capitur. Aldrovande.

(e) Aristote (lib. viii, cap. m) ne fait que nommer l’Ὀισρος entre l’hypolaïs et le tyrannus, et comme un de ces petits oiseaux qui vivent d’insectes. — « Deux choses nous induisent à croire que cestuy est asilus : l’une qu’on l’avoit ainsi nommé en Grèce, à cause de sa petite corpulence ; l’autre que telle mouche même toujours bruit des aelles, aussi est-ce que cet oyseau ne cesse guère de chanter. » Belon, Nat. des oiseaux, p. 344.

(f) Small green-wren ; regulus non cristatus. Edwards, Pref., p. xii.

(*) Le grand Pouillot de Buffon est l’Hypolais salicaria des ornithologistes modernes.