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590 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

effilé, d’un brun luisant en dehors, jaune en dedans et sur les bords (a) ; son plumage n’a d’autres couleurs que deux teintes faibles de gris verdâtre et de blanc jaunâtre ; la première s’étend sur le dos et la tête : une ligne jaunâtre, prise de l’angle du bec, passe près de l’œil et s’étend sur la tempe ; les pennes de l’aile d’un gris assez sombre ont, comme celles de la queue, leur bord extérieur frangé de jaune verdâtre ; la gorge est jaunâtre, et il y a une tache de la même couleur sur chaque côté de la poitrine, au pli de l’aile ; le ventre et l’estomac ont du blanc plus ou moins lavé de jaune faible, sui- vant que l’oiseau est plus ou moins âgé, ou selon la différence du sexe, car la femelle a toutes les couleurs plus pâles que le mâle (b) ; en général, le plumage du pouillot ressemble à celui du roitelet, qui seulement a de plus une tache blanche dans l’aile et une huppe jaune (c).

Le pouillot habite les bois pendant l’été ; il fait son nid dans le fort des buissons ou dans une touffe d’herbes épaisses ; il le construit avec autant de soin qu’il le cache ; il emploie de la mousse en dehors et de la laine et du crin en dedans ; le tout est bien tissu, bien recouvert, et ce nid a la forme d’une boule comme ceux du troglodyte, du roitelet et de la petite mésange à longue queue ; il semble que cette structure du nid ait été suggérée par la voix de la nature à ces quatre espèces de très petits oiseaux, dont la cha- leur ne suffirait pas si elle n’était retenue et concentrée pour le succès de l’incubation, et ceci prouve encore que tous les animaux ont peut-être plus de génie pour la propagation de leur espèce que d’instinct pour leur propre conservation. La femelle du pouillot pond ordinairement quatre ou cinq œufs d’un blanc terne, piqueté de rougeâtre (d), et quelquefois six ou sept ; les petits restent dans le nid jusqu’à ce qu’ils puissent voler aisément.

Syst. nat., édit. X, g. 99, sp. 31. — Trochilus ex flavo cinereus, capite nigro. Barrère, Or- nithol., class. 3, g. 23, sp. 2. — Trochilus capite lœvi. Klein, Avi., p. 76, n° 2. Small green- wren : regulus non cristatus. Edwards, Pref., p. xii. — « Ficedula supernè dilutè olivacea, infernè flavicans (imo ventre albo, Fœmina) ; tæniâ supra oculos flavicante ; rectricibus cinereo-fuscis, oris exterioribus dilutè olivaceis. » Asilus, le pouliot ou chantre. Brisson, Ornithol., t. III, p. 479. Chantre ou chanteur. Belon, Nat. des oiseaux, p. 344. — Idem, Portrait d’oiseaux, p. 86. — Roitelet non huppé. Albin, t. II, p. 38.

(a) « A le bec longuet et débile, propre à prendre des verms ; aussi vit-il de bêtes en vie et non de semences, et vit en l’ombrage des hautes forêts. » Belon, Nat. des oiseaux, p. 344.

(b) « Varietas est in coloribus avium hujus generis... aliæ enim dilutiùs, aliæ intensiùs virent aut flavent ; aliis venter albet, absque ullâ viridis tincturâ. » Willughby, Ornithol., page 164.

(c) « Regulo per omnia similis, præter quod cristâ caret... maculâ etiam albâ quam mediâ alâ habet regulus cristatus. » Aldrovande, Avi., t. II, p. 653. — « Il seroit semblable au poul, qu’avons nommé tyrannus, n’estoit qu’il n’a point de crête jaune sur la teste, et toutes fois a du jaune au ply des ailes. » Belon, Nat. des oiseaux, p. 344.

(d) Willughby, Ray. — « Ce petit oiseau est très attaché à son nid, et il ne l’abandonne que difficilement. Un de mes amis m’a raconté qu’un jour ayant trouvé le nid de cet oiseau, il lui fit pondre jusqu’à trente œufs l’un après l’autre, en lui ôtant tous les jours son œuf à mesure qu’il était pondu ; après quoi il en eut pitié, et lui en laissa assez pour couver. » Salerne, Ornithol., p. 242.