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582 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

LE BIMBELÉ OU LA FAUSSE LINOTTE

Je dois la connaissance de cet oiseau (*) de Saint-Domingue à M. le che- valier Lefèvre Deshayes, qui a non seulement un goût éclairé, mais un zèle très vif pour l’histoire naturelle, et qui joint à l’art d’observer le talent de dessiner et même de peindre les objets. M. le chevalier Deshayes m’a en- voyé, entre autres dessins coloriés, celui du bimbelé, ainsi nommé par les nègres, qui, lui trouvant quelques rapports avec un oiseau de leur pays, lui en ont donné le nom ; mais il est probable que ce nom n’est pas mieux ap- pliqué à l’oiseau dont il est ici question que celui de fausse linotte : il ne res- semble en effet à notre linotte ni par le chant ni par le plumage, ni par la forme du bec ; je lui conserve cependant et l’un et l’autre nom parce que ce sont les seuls sous lesquels il soit connu dans son pays.

Son chant n’est ni varié ni brillant, il ne roule que sur quatre ou cinq notes ; malgré cela on se plaît à l’entendre, parce que les tons en sont pleins, doux et moelleux.

il vit de fruits et de petites graines ; il se tient assez volontiers sur les pal- mistes, et fait son nid dans l’espèce de ruche que les oiseaux palmistes et autres forment sur ces arbres, à l’endroit d’où sort le pédicule qui soutient la grappe ; la femelle ne pond que deux ou trois œufs, et c’est peut-être une des causes pourquoi les bimbelés sont si rares.

Leur plumage est encore moins brillant que leur chant ; ils ont la gorge, le devant du cou, la poitrine et le haut du ventre d’un blanc sale teinté de jaune ; les jambes, le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue d’un jaune faible ; les flancs d’un gris foncé ; toute la partie supérieure d’un brun plus foncé sur la tête, plus clair sur le dos ; le croupion et les couver- tures supérieures de la queue d’un vert olivâtre ; les pennes et couvertures supérieures des ailes et les pennes de la queue brunes, bordées extérieure- ment d’une couleur plus claire ; les deux paires les plus extérieures des pennes de la queue bordées intérieurement d’une large bande de blanc pur vers leur extrémité ; la face inférieure de toutes ces pennes d’un gris-ardoise, l’iris d’un brun clair.

Le bimbelé pèse un peu moins de deux gros et demi.

Longueur totale, cinq pouces ; bec, sept lignes, très pointu ; narines fort oblongues, surmontées d’une protubérance ; vol, sept pouces ; dix-huit pennes à chaque aile ; queue, environ dix-huit lignes, composée de douze pennes à peu près égales, dépasse les ailes d’environ un pouce.

(*) Motacilla Palmarum Gmel.