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mage est noirâtre avec une teinte obscure de bleu, mais sans aucun reflet ; on voit au milieu des ailes une tache blanche appartenant aux grandes pennes de ces mêmes ailes, et un peu de blanc à l’extrémité des pennes latérales de la queue ; le bec et les pieds sont jaunes, et l’iris d’un bel orangé. Ce merle a sur le front une petite touffe de plumes longuettes qu’il hérisse quand il veut ; mais, malgré cette marque distinctive et la différence remarquée dans ses proportions, je ne sais si l’on ne pourrait pas le regarder comme une variété de climat dans l’espèce de notre merle à bec jaune : il a comme lui une grande facilité pour apprendre à siffler des airs et articuler des paroles. On le transporte difficilement en vie de la Chine en Europe. Sa longueur est de huit pouces et demi ; ses ailes, dans leur repos, s’étendent à la moitié de la queue, qui n’a que deux pouces et demi de long, et qui est composée de douze pennes à peu près égales.

III.Le podobé du Sénégal.

Nous sommes redevables à M. Adanson de cette espèce[NdÉ 1] étrangère et nouvelle qui a le bec brun, les ailes et les pieds de couleur rousse, les ailes courtes, la queue longue, étagée, marquée de blanc à l’extrémité de ses pennes latérales et de ses couvertures inférieures. Dans tout le reste, le podobé est noir comme nos merles, et leur ressemble pour la grosseur comme pour la forme du bec, qui cependant n’est point jaune.

IV.Le merle de la Chine.

Ce merle[NdÉ 2] est plus grand que le nôtre ; il a les pieds beaucoup plus forts, la queue plus longue et d’une autre forme, puisqu’elle est étagée : l’accident le plus remarquable de son plumage, c’est comme une paire de lunettes qui paraît posée sur la base de son bec, et qui s’étend de part et d’autre sur ses yeux : les côtés de ses lunettes sont de figure à peu près ovale et de couleur noire, en sorte qu’ils tranchent sur le plumage gris de la tête et du cou. Cette même couleur grise, mêlée d’une teinte verdâtre, règne sur tout le dessus du corps, compris les ailes et les pennes intermédiaires de la queue ; les pennes latérales sont beaucoup plus rembrunies, une partie de la poitrine et le ventre sont d’un blanc sale un peu jaune, jusqu’aux couvertures inférieures de la queue, qui sont rousses. Les ailes, dans leur repos, ne s’étendent pas fort au delà de l’origine de la queue.

    matelots anglais l’appellent improprement a martin, c’est-à-dire en français martinet. Voyez Edwards, planche 19. Les voyageurs parlent d’un merle noir de Madagascar qui a une huppe posée précisément comme celle du merle de cet article. Voyez les Voyages de François Cauch.

  1. Merula erythroptera L. [Note de Wikisource : actuellement Cercotrichas podobe Statius Müller, vulgairement agrobate podobé ; cet oiseau n’est pas un turdidé, comme les merles et les grives, mais appartient à une famille très étroitement apparentée aux turdidés, les muscicapidés].
  2. Merula perspicillata L. [Note de Wikisource : actuellement Pterorhinus perspicillatus Gmelin, vulgairement garrulaxe masqué ; il appartient à une famille très éloignée de celle des turdidés].