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LA BERGERONNETTE JAUNE. 549

qu’au milieu des villages ; c’est surtout à la jaune (*) que l’on doit appliquer ce passage et attribuer cette habitude (a). Elle cherche alors sa vie sur les bords des sources chaudes, et se met à l’abri sous les rives des ruisseaux ; elle s’y trouve assez bien pour faire entendre son ramage dans cette triste saison, à moins que le froid ne soit excessif : c’est un petit chant doux, et comme à demi-voix, semblable au chant d’automne de la lavandière ; et ces sons si doux sont bien différents du cri aigu que cette bergeronnette jette en passant pour s’élever en l’air. Au printemps elle va nicher dans les prairies, ou quelquefois dans des taillis sous une racine, près d’une source ou d’un ruisseau ; le nid est posé sur la terre et construit d’herbes sèches ou de mousse en dehors, bien fourni de plumes, de crin ou de laines en dedans, et mieux tissu que celui de la lavandière ; on y trouve six, sept ou huit œufs blanc sale, tachetés de jaunâtre ; quand les petits sont élevés, après la ré- colte des herbes dans les prés, le père et la mère les conduisent avec eux à la suite des troupeaux.

Les mouches et les moucherons sont alors leur pâture, car tant qu’ils fréquentent le bord des eaux en hiver ils vivent de vermisseaux, et ne lais- sent pas aussi d’avaler de petites graines : nous en avons trouvé avec des débris de scarabées et une petite pierre dans le gésier d’une bergeronnette jaune prise à la fin de décembre ; l’œsophage se dilatait avant son insertion, le gésier musculeux était doublé d’une membrane sèche, ridée, sans adhé- rence ; le tube intestinal, long de dix pouces, était sans cæcum et sans vésicule de fiel ; la langue était éfrangé par le bout comme dans toutes les bergeronnettes ; l’ongle postérieur était le plus grand de tous.

De tous ces oiseaux à queue longue, la bergeronnette jaune est celui où ce caractère est le plus marqué (b) ; sa queue a près de quatre pouces, et son corps n’en a que trois et demi ; son vol est de huit pouces dix lignes ; la tête est grise ; le manteau jusqu’au croupion olive foncé, sur fond gris ; le croupion jaune, le dessous de la queue d’un jaune plus vif ; le ventre avec la poitrine jaune pâle dans des individus jeunes, tels apparemment que celui qu’a décrit M. Brisson ; mais dans les adultes d’un beau jaune éclatant

seaux, p. 351. — Bergeronnette, jaune. Albin, t. II, p. 38, avec des figures mal coloriées de la femelle, pl. 58. — Bergeronnette grise. Edwards, Glan., p. 105, avec une belle figure du mâle, pl. 259. — Boarula Arist. Schwenckfeld et Klein. — En allemand, gaelbe bach steltze, kleine bach steltze ; en polonais, pliska zolta ; en anglais, yellow water-wagtail ; et grey water-wngtail, suivant Willughby, Edwards.

(a) « Motacillæ albæ autumno avolant ; flavæ non item... hieme per vicos, apparent. » Gessner, Avi., p. 593. — Motacillas migrare aiunt, hanc (flavam) apud nos manere. » Aldro- vande, t. II, p. 728. — « L’inverno s’arrischia a venir nell’ abitato, lasclandosi vedere per

i giardini delle case, et eziandio ne’ cortili. » Olina, Uccelleria.

(b) Edwards, Glan., p. 259.

(*) La Bergeronnette jaune est le Calobates sulphurea des ornithologistes modernes, Motacilla Boarula de Linnée.