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546 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

aux pennes extérieures ; les grandes pennes de l’aile brunes, les autres noi- râtres et frangées de blanc comme les couvertures.

Elle fait son nid vers la fin d’avril, communément sur un osier près de terre, à l’abri de la pluie ; elle pond et couve ordinairement deux fois par an. La dernière ponte est tardive, car l’on trouve des nichées jusqu’en septembre, ce qui ne pourrait avoir lieu dans une famille d’oiseaux qui seraient obligés de partir et d’emmener leurs petits avant l’hiver : cependant les premières couvées et les couples plus diligents des bergeronnettes se répandent dans les champs dès les mois de juillet et d’août, au lieu que les lavandières ne s’at- troupent guère que pour le passage, sur la fin de septembre et en octobre (a).

La bergeronnette, si volontiers amie de l’homme, ne se plie point à deve- nir son esclave ; elle meurt dans la prison de la cage ; elle aime la société et craint l’étroite captivité ; mais laissée libre dans un appartement en hiver, elle y vit, donnant la chasse aux mouches et ramassant les mies de pain qu’on lui jette (d). Quelquefois les navigateurs la voient arriver sur leur bord, entrer dans le vaisseau, se familiariser, les suivre dans leur voyage, et ne les quitter qu’au débarquement (c) ; si pourtant ces faits ne doivent pas plutôt s’attribuer à la lavandière, plus grande voyageuse que la berge- ronnette, et sujette dans ses traversées à s’égarer sur les mers.

LA BERGERONNETTE DE PRINTEMPS (d)

SECONDE ESPÈCE.

Cette bergeronnette (*) est la première à reparaître au printemps dans les prairies et dans les champs, où elle niche au milieu des blés verts. A peine

(a) « La lavandière n’est pas de la nature de la bergerette ; car mesmement l’on prend si grande quantité de bergerettes durant les mois de juillet et d’aoust, comme au contraire en septembre et en octobre l’on prend des lavandières et point de bergerettes. » Belon, Nat. des oiseaux.

(b) Gessner, Schwenckfeld.

(c) « Le 8 juin, nous étions environ à la hauteur des côtes de Sicile, à douze ou quinze lieues de toute terre. On prit sur le vaisseau une bergeronnette ; on lui donna la liberté, elle resta cependant avec nous : on lui avait mis à boire et à manger sur une des fenêtres, où elle ne manquait pas de venir prendre ses repas. Elle nous accompagna fidèlement jusqu’à ce qu’elle se vit très près de terre de l’île de Candie. Elle nous abandonna lorsque nous étions dans le port de la Sonde. » (Note communiquée par M. de Manoncour.)

(d) En allemand, gelber sticherling ; irlin, suivant Schwenckfeld ; gelbrustige, bach steltze,

(*) La Bergeronnette de printemps de Buffon (Motacilla flava de Linné), souvent dési- gnée actuellement sous le nom de Bergeronnette jaune, est une véritable Bergeronnette, le Budytes flavus des ornithologistes modernes.

Les Bergeronnettes se distinguent des Lavandières par leur queue plus courte ou à peine aussi longue que le corps et par leur ongle du pouce plus long que le doigt et en forme d’ergot.