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532 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

sons sur lesquels il ne se perche pas aussi souvent qu’il se pose sur les mottes.

Il est plus grand que le tarier et plus haut sur ses pieds, qui sont noirs et grêles ; le ventre est blanc, ainsi que les couvertures inférieures et supé- rieures de la queue, et la moitié à peu près de ses pennes, dont la pointe est noire ; elles s’étalent quand il part, et offrent ce blanc qui le fait remar- quer ; l’aile dans le mâle est noire, avec quelques franges de blanc roussâtre ; le dos est d’un beau gris cendré ou bleuâtre ; ce gris s’étend jusque sur le fond blanc ; une plaque noire prend de l’angle du bec, se porte sous l’œil et s’étend au delà de l’oreille ; une bandelette blanche borde le front et passe sur les yeux. La femelle n’a pas de plaque ni de bandelette ; un gris rou- sâtre règne sur son plumage, partout où celui du mâle est gris cendré ; son aile est plus brune que noire, et largement frangée jusque dessous le ventre ; en tout elle ressemble autant ou plus à la femelle du tarier qu’à son propre mâle ; et les petits ressemblent parfaitement à leurs père et mère dès l’âge de trois semaines, temps auquel ils prennent leur essor.

Le bec du motteux est menu à la pointe et large par sa base, ce qui le rend très propre à saisir et avaler les insectes sur lesquels on le voit courir, ou plutôt s’élancer rapidement par une suite de petits sauts (a) ; il est tou- jours à terre, si on le fait lever il ne s’éloigne pas et va d’une motte à l’autre, toujours d’un vol assez court et très bas, sans entrer dans les bois ni se percher jamais plus haut que les haies basses ou les moindres buissons : posé, il balance sa queue et fait entendre un son assez sourd, titreû, titreû, et c’est peut-être de cette expression de sa voix qu’on a tiré son nom de vitrec ou titrec ; et toutes les fois qu’il s’envole il semble aussi prononcer assez distinctement et d’une voix plus forte far-far, far-far ; il répète ces deux cris d’une manière précipitée.

Il niche sous les gazons et les mottes dans les champs nouvellement la- bourés, ainsi que sous les pierres dans les friches, auprès des carrières, à l’entrée des terriers quittés par les lapins (b), ou bien entre les pierres des petits murs à sec dont on fait les clôtures dans les pays de montagnes ; le nid, fait avec soin, est composé en dehors de mousse ou d’herbe fine, et de plumes ou de laine en dedans ; il est remarquable par une espèce d’abri placé au-dessus du nid et collé contre la pierre ou la motte sous laquelle tout l’ouvrage est construit ; on y trouve communément cinq à six œufs (c) ; d’un blanc bleuâtre clair, avec un cercle au gros bout d’un bleu plus mat. Une femelle, prise sur ses œufs, avait tout le milieu de l’estomac dénué de

(a) « Ils courent moult vite sur la terre... Son manger est tant de verms de terre que de chenilles qu’il trouve sur les herbes. Il suit communément les charrues et le labourage pour manger les vermines qu’il trouve en la terre renversée du soc. » Belon, Nat. des Oiseaux, page 352.

(b) « In cuniculorum foraminibus desertis nidificat. » Willughby, p. 568.

(c) Belon.