Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/563

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE MOTTEUX. 531

doigt de derrière est le plus gros, et il est aussi long que ceux du devant, quoiqu’il n’ait qu’une seule articulation, et son ongle est le plus fort de tous. Cet oiseau aurait-il été produit seul de son genre et isolé au milieu du nouveau continent ? c’est du moins le seul de ces régions qui nous soit connu comme ayant quelque rapport avec nos traquets ; mais ses ressem- blances avec eux sont moins frappantes que le caractère qui l’en distingue, et que la nature lui a imprimé comme le sceau de ces régions étrangères qu’il habite.

LE MOTTEUX

ANCIENNEMENT VITREC, VULGAIREMENT CUL-BLANC (a)

Cet oiseau (*), commun dans nos campagnes, se tient habituellement sur les mottes dans les terres fraîchement labourées, et c’est de là qu’il est appelé motteux ; il suit le sillon ouvert par la charrue pour y chercher les vermis- seaux dont il se nourrit ; lorsqu’on le fait partir, il ne s’élève pas, mais il rase la terre d’un vol court et rapide, et découvre en fuyant la partie blanche du derrière de son corps, ce qui le fait distinguer en l’air de tous les autres oiseaux, et lui a fait donner par les chasseurs le nom vulgaire de cul-blanc (à) ; on le trouve aussi assez souvent dans les jachères et les friches, où il vole de pierre en pierre, et semble éviter les haies et les buis-

(a) En grec, ’Φίνάντη, suivant Belon ; en latin, vitiflora ; en italien, culo bianco ; en anglais, white-tail, fallow-smiter, wheat-ear, horse-match ; en suédois, stensguetta ou stensgwaetta, selon M. Linnæus ; en Sologne, traîne-charrue, garde-charrue, tourne-motte, casse-motte ou motteux ; trotte-chemin, aux environs de Romorantin ; en Beauce, artile, arguille, mote- relle ; et ses petits, mottereaux (Salerne). — OEnanthe. Gessner, Avi., p. 629. — Jonston, Avi., p. 88. — Linnæus, Syst. nat., édit. VI, g. 82, sp. 4. — OEnanthe sive vitiflora. Al- drov., Avi., t. II, p. 762, avec une mauvaise figure. — Ray, Synops., p. 75, n° a, 1. — Wil- lughby, Ornithol., p. 168, avec la figure empruntée d’Aldrovande, pl. 41. — OEnanthe Aristo- telis ; vitiflora seu vitifera. Charleton, Exercit., p. 97, n° 13. Idem, Onomast., p. 91, n° 13. — Sylvia buccis nigris. Klein, Avi., p. 78, n° 9. — « Motacilla dorso cano, fronte albâ, ocu- lorum, regionibus nigris. » Linnæns, Fauna Suec., n° 217. — Motacilla dorso cano, fronte albâ, oculorum fasciâ nigrâ, » OEnanthe. Idem, Syst. nat., édit. X, g. 79, sp. 17. — Cur- ruca major pectore subluteo. Frisch, avec deux belles figures, l’une du mâle, l’autre de la femelle. — Cul-blanc ou vitrec. Belon, Nat. des oiseaux, p. 352, avec une mauvaise figure. Idem. Portrait d’oiseaux, p. 88. — Coul-blanc. Albin, t. Ier, p. 49, avec une figure très mal coloriée du mâle ; et t. III, p. 23, avec une figure aussi mauvaise, sous le nom de femelle du cou-blanc. — « Ficedula supernè grisea, fulvo adumbrata, infernè rufescens ; syncipite et tæniâ supra oculos albo-rufescentibus (tæniâ infra oculos, Mas) ; rectricibus primâ medie- tate albis, alterâ nigricantibus, vitiflora, » le Cul-blanc ou Vitrec ou Motteux. Brisson, Or- nithol., t. III, p. 449.

(b) « Tout le dessous du ventre, comme aussi dessous et dessus le croupion, et partie de la queue sont blancs, dont il a pris le surnom de cul-blanc. Belon, Nat. des Ois., p. 352.

(*) Motacilla OEnanthe L.