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coqueluchon cendré, varié de petites taches rousses ; le dos est rembruni près du cou et d’une couleur plus claire près de la queue. Les dix pennes latérales de celle-ci sont rousses et les deux intermédiaires brunes. Les pennes des ailes et leurs couvertures sont d’une couleur obscure et bordées d’une couleur plus claire ; enfin la poitrine et tout le dessous du corps sont orangés, variés par de petites mouchetures, les unes blanches et les autres brunes ; le bec et les pieds sont noirâtres.


LE MERLE BLEU[1][NdÉ 1]

On retrouve dans ce merle le même fond de couleur que dans le merle de roche, c’est-à-dire le cendré bleu (mais sans aucun mélange d’orangé) ; la même taille, à peu près les mêmes proportions, le goût des mêmes nourritures, le même ramage, la même habitude de se tenir sur les sommets des montagnes et de poser son nid sur les rochers les plus escarpés, en sorte qu’on serait tenté de le regarder comme une race appartenant à la même espèce que le merle de roche : aussi plusieurs ornithologistes les ont pris l’un pour l’autre. Les couleurs de son plumage varient un peu dans les descriptions et sont probablement sujettes à des variations réelles d’un individu à l’autre, selon l’âge, le sexe, le climat, etc. Le mâle que M. Edwards a représenté planche xviii n’était pas d’un bleu uniforme partout ; la teinte de la partie supérieure du corps était plus foncée que la teinte de la partie inférieure ; il avait les pennes de la queue noirâtres, celles des ailes brunes, ainsi que leurs grandes couvertures, et celles-ci terminées de blanc ; les yeux entourés d’un cercle jaune, le dedans de la bouche orangé, le bec et les pieds d’un brun presque noir. Il paraît qu’il y a plus d’uniformité dans le plumage de la femelle.

Belon, qui a vu de ces oiseaux à Raguse, en Dalmatie, nous dit qu’il y en a aussi dans les îles de Négrepont, de Candie, de Zante, de Corfou, etc., et qu’on les recherche beaucoup à cause de leur chant ; mais il ajoute qu’il ne s’en trouve point naturellement en France, ni en Italie ; cependant le bras de mer qui sépare la Dalmatie de l’Italie n’est point une barrière insurmontable, surtout pour ces oiseaux, qui, suivant Belon lui-même, volent beau-

  1. C’est la trente-septième grive de M. Brisson, t. II, p. 282. Je doute fort que ce soit le Κυανός d’Aristote (Hist. anim., lib. ix, cap. xxi), qui avait le bec long, le pied grand et le tarse court, ce qui ne convient guère au merle bleu ; en grec moderne, Πετροκόσσυφος ; en latin, cyanus, cæruleus, etc. ; en italien, merlo biavo ; en allemand, blau-vogel, blau-stein-amsel, klein blau-zimmer. On lui a aussi appliqué les noms qui conviennent au merle de roche, et même ceux de moineau ou passereau solitaire.
  1. Merula cyana [Note de Wikisource : actuellement Monticola solitarius Linnæus, vulgairement monticole merle-bleu ; c’est le même oiseau que le suivant].