Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/549

Cette page n’a pas encore été corrigée

OISEAU ÉTRANGER, ETC. 519

passage, dans la partie basse des Vosges, vers Sarrebourg, suivant M. Lot- tinger ; mais un autre observateur nous assure que ces oiseaux ne remontent pas jusque dans l’épaisseur de ces montagnes au midi ; ils sont plus com- muns en Alsace, et quoique généralement répandus en Allemagne et jusqu’en Prusse, nulle part ils ne sont bien communs, et l’espèce paraît beaucoup moins nombreuse que celle du rouge-gorge ; cependant elle s’est assez éten- due. Au nom que lui donne Barrère (a), on peut croire que la gorge-bleue est fréquente dans les Pyrénées ; nous voyons par la dénomination de la seconde espèce prétendue de M. Brisson, que cet oiseau se trouve jusqu’à Gibraltar. Nous savons d’ailleurs qu’on le voit en Provence, où le peuple l’appelle cul- rousset-bleu, et on le croirait indigène en Suède au nom que lui donne M. Linnæus (b) ; mais ce nom mal appliqué prouve seulement que cet oiseau fréquente les régions du Nord ; il les quitte en automne pour voyager et chercher sa nourriture dans des climats plus doux : cette habitude ou plutôt cette nécessité est commune à la gorge-bleue et à tous les oiseaux qui vivent d’insectes et de fruits tendres.

OISEAU ÉTRANGER

QUI A RAPPORT AU ROUGE-GORGE ET A LA GORGE-BLEUE

LE ROUGE-GORGE BLEU DE L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE (c).

Notre rouge-gorge est un oiseau trop faible et de vol trop court pour avoir passé en Amérique par les mers ; il craint trop les grands hivers pour y avoir pénétré par les terres du Nord ; mais la nature a produit dans ces vastes régions une espèce analogue (*) et qui le représente, c’est le rouge-gorge bleu qui se trouve dans les parties de l’Amérique septentrionale, depuis la Virginie, la Caroline et la Louisiane, jusqu’aux îles Bermudes. Catesby nous en a donné le premier la description ; Edwards a représenté cet oiseau, et tous

(a) Motacilla Pyrenaïca. Ornithol., class. 3, g. 19, sp. 6.

(b) Motacilla Suecica. Syst. nat., édit. X, g. 99, sp. 24. Avis Carolina. édit. VI. g. 82, sp. 7 ; et en suédois, carls-vogel.

(c) Rouge-gorge de la Caroline, Catesby, t. Ier, p. 147, avec une belle figure, pl. 47. — Rouge-gorge bleu. Edwards, t. Ier, p, 24, avec une figure moins bonne que celle de Catesby. — Sylvia gulâ cœruleâ ; Rudecula Americana cærulea, Klein, Avi., p. 77, n° 3. — Idem, p. 80, n° 21. Sylvia thorace rubro, supero corpore et caudâ cæruleis. — Motacilla suprà cærulea, subtùs tota rubra. Sialis. Linnæus, Syst. nat., édit. X, g. 99, sp. 25. — Les An- glais de la Caroline l’appellent blew bird, l’oiseau bleu. —Ficedula supernè splendidè cærulea, infernè rufa : ventre candido ; gutture rufo ; maculis cæruleis vario ; remigibus cæruleis ; apice fuscis ; rectricibus cæruleis, supernè saturatiùs, infernè dilutiùs. » Rubecula Caro- linensis cærulea. Brisson, Ornithol., t. III, p. 423.

(*) Motacilla sialis L.