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516 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

parler : ce préjugé est ancien, et l’on trouve la même chose dans Porphyre (a) ; mais le fait n’est pas du tout vraisemblable, puisque cet oiseau a la langue fourchue. Belon, qui ne l’avait ouï chanter qu’en automne, temps auquel il n’a que son petit ramage, et non l’accend brillant et affectueux du grand chant des amours, vante pourtant la beauté de sa voix en la comparant à celle du rossignol (b). Lui-même, comme il paraît par son récit, a cru que le rouge-gorge était le même oiseau que le rossignol de muraille ; mais, mieux instruit ensuite, il les distingua par leurs habitudes aussi bien que par leurs couleurs (c). Celles du rouge-gorge sont très simples : un manteau du même brun que le dos de la grive lui couvre tout le dessus du corps et de la tête ; l’estomac et le ventre sont blancs ; le roux orangé de la poitrine est moins vif dans la femelle que dans le mâle ; ils ont les yeux noirs, grands et même expressifs, et le regard doux ; le bec est faible et délié tel que celui de tous les oiseaux qui vivent principalement d’insectes ; le tarse, très menu, est d’un brun clair, ainsi que le dessus des doigts, qui sont d’un jaune pâle par- dessous. L’oiseau adulte a cinq pouces neuf lignes de longueur et huit pouces de vol : le tube intestinal est long d’environ neuf pouces ; le gésier, qui est musculeux, est précédé d’une dilatation de l’œsophage ; le cæcum est très petit, et quelquefois nul dans certains individus. En automne, ces oiseaux sont très gras, leur chair est d’un goût plus fin que celui de la meilleure grive, dont elle a le fumet, se nourrissant des mêmes fruits, et surtout des alises.

LA GORGE-BLEUE (d)

Par la proportion des formes, par la grandeur et la figure entière, la gorge- bleue (*) semble n’être qu’une répétition du rouge-gorge ; elle n’en diffère

(d) Lib. iii, de Abstin. animal.

(b) « Elle s’en retourne aux villes dès la fin de septembre, auquel temps elle chante si mélodieusement, qu’on ne l’estime guère moins bien chanter que le rossignol fait au prin- temps. » Belon — En plusieurs endroits on appelle le rouge-gorge rossignol d’hiver.

(c) « Le rossignol de muraille apparaît au printemps dans les villes et villages, et fait ses petits dans les pertuis, lorsque la gorge-rouge s’en est allée au bois. » Belon, Nat. des Oi- seaux, p. 348.

(d) Phœnicurus pectore cœruleo. Frisch, édit, de Berlin, 1733, avec deux belles figures, pl. 19, l’une de l’adulte, l’autre du petit. — Phœnicurus alter. Jonston, Avi., avec une figure empruntée de Gessner, tab. 45. — Sylvia gulâ cœruleâ ; thorace ex albo variegato. Klein, Avi., p. 77, n° 111, 2. — Motacilla pectore cœruleo, maculâ flavescente albedine cincta. Fauna Suecica, Linnæus, n° 220. — « Motacilla pectore ferrugineo, fasciâ cæruleâ, rectrici- bus fuscis versus bazim ferrugineis... » Motacilla Suecica, Linnæus, Syst. nat., édit. X, g. 99, sp. 24. Avis Carolina. Idem, édit. VI, g. 82, sp. 7. — Motacilla Pyrenaïca, cinera, jugulo et pectore cœsiis. Barrère, Ornithol., class. 3, g. 19, sp. 6. — Wegflecklin. Gessner,

(*) Motacilla suecica L.