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LE FIST DE PROVENCE. 509

bec-figue mangé dans la saison ; c’est un petit peloton d’une graisse légère et savoureuse, fondante, aisée à digérer : c’est un extrait du suc des excel- lents fruits dont il vit.

Au reste, nous ne connaissons qu’une seule espèce de bec-figue (a), quoi- que l’on ait donné ce nom à plusieurs autres. Mais si l’on voulait nommer bec-figue tout oiseau que l’on voit dans la saison becqueter les figues, les fauvettes et presque tous les oiseaux à bec fin, plusieurs même d’entre ceux à bec fort seraient de ce nombre : c’est le sens du proverbe italien, nel’ mese d’agosto ogni uccello è beccafico ; mais ce dire populaire, très juste pour exprimer la délicatesse du suc que donne la chair de la figue à tous ces petits oiseaux qui s’en nourrissent, ne doit pas servir à classer ensemble, sur une simple manière de vivre passagère et locale, des espèces très dis- tinctes et très déterminées d’ailleurs : ce serait introduire la plus grande confusion, dans laquelle néanmoins sont tombés quelques naturalistes. Le bec-figue de chanvre d’Olina (beccafico canapino), n’est point un bec-figue, mais la fauvette babillarde. La grande fauvette elle-même, suivant Ray, s’appelle en Italie beccafigo. Belon applique également à la fauvette rous- sette le nom de beccafigha ; et nous venons de voir qu’il se trompe encore plus en appelant bec-figue son bouvreuil ou pivoine, auquel, en consé- quence de cette erreur, il applique les noms de cycalis et de ficedula, qui appartiennent au bec-figue. En Provence, on confond sous le nom de bec- figue plusieurs oiseaux différents. M. Guys nous en a envoyé deux, entre autres, que nous ne plaçons à la suite du bec-figue que pour observer de plus près qu’ils lui sont étrangers.

LE FIST DE PROVENCE

Le fist (*), ainsi nommé d’après son cri, et qui nous a été envoyé de Pro- vence comme une espèce de bec-figue, en est tout différent et se rapporte de beaucoup plus près à l’alouette, tant par la grandeur que par le plu- mage ; il n’en diffère essentiellement que parce qu’il n’a pas l’ongle de der- rière long. Il est représenté dans nos planches enluminées, n° 654, fig. 1.

(a) Aldrovande donne (t. II, p. 759) deux figures du bec-figue, dont la seconde, selon lui-même, ne présente qu’une variété de la première, peut-être même accidentelle, et qu’on pourrait, dit-il, appeler bec-figue varié, « le blanc et le noir étant mêlés dans tout son plu- mage comme la figure l’indique ; » mais cette figure ne montre que le blanc de l’aile un peu plus large, et du blanc sur le devant du cou et la poitrine, ce qui ne constitue en effet qu’une variété purement individuelle.

(*) Motacilla massiliensis Gmel. D’après Cuvier, cet oiseau ne serait que le jeune de l’Alauda mosellana.