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504 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

queue d’un roux de feu clair et vif ; le reste de son plumage est composé de gris sur tout le manteau, plus foncé et frangé de roussâtre dans les pennes de l’aile, et de gris mêlé confusément de roussâtre sur tout le devant du corps ; le croupion est roux comme la queue ; il y en a qui ont un beau collier noir et dans tout le plumage des couleurs plus vives et plus variées. M. Brisson en a fait une seconde espèce (a) ; mais nous croyons que ceux-ci sont les mâles ; quelques oiseleurs très expérimentés nous l’ont assuré. M. Brisson dit que le rouge-queue à collier se trouve en Allemagne, comme s’il était particulier à cette contrée, tandis que partout où l’on rencontre le rouge-queue gris on voit également des rouges-queues à collier ; de plus, il ne le dit que sur une méprise, car la figure qu’il cite de Frisch, comme celle du rouge-queue à collier (b), n’est dans cet auteur que celle de la femelle de l’oiseau que nous appelons gorge-bleue (c).

Nous regarderons donc le rouge-queue à collier comme le mâle, et le rouge- queue gris comme la femelle ; ils ont tous deux la queue rouge de même ; mais, outre le collier, le mâle a le plumage plus foncé, gris brun sur le dos, et gris tacheté de brun sur la poitrine et les flancs.

Ces oiseaux préfèrent les pays de montagne, et ne paraissent guère en plaine qu’au passage d’automne (d) ; ils arrivent au mois de mai en Bour- gogne et en Lorraine, et se hâtent d’entrer dans les bois où ils passent toute la belle saison ; ils nichent dans de petits buissons près de terre, et font leur nid de mousse en dehors, de laine et de plumes en dedans ; ce nid est de forme sphérique, avec une ouverture au côté du levant, le plus à l’abri des mauvais vents ; on y trouve cinq à six œufs blancs variés de gris.

Les rouges-queues sortent du bois le matin, y rentrent pendant la chaleur du jour et paraissent de nouveau sur le soir dans les champs voisins ; ils y cherchent les vermisseaux et les mouches ; ils rentrent dans le bois la nuit. Par ces allures, et par plusieurs traits de ressemblance, ils nous paraissent appartenir au genre du rossignol de muraille. Le rouge-queue n’a néanmoins ni chant ni ramage, il ne fait entendre qu’un petit son flûté, suit, en allon- geant et filant très doux la première syllabe ; il est, en général, assez silen-

(a) « Ficedula supernè fusca, infernè sordidè alba, maculis fuscis in pectore et lateribus varia ; collo inferiore maculâ fuscâ ferri equini æmulâ, insignito ; uropygio rufo ; rectricibus binis intermediis fuscis, lateralibus in exortu rufis, in apice fuscis. » Phœnicurus torquatus, le rouge-queue à collier. Brisson, t. III, p. 411.

(b) « Phœnicurus inferiore parte caudæ nigrâ. » Rotschwentzlein. Frisch, der. ii, haupt. iv, abtheil ii, plate fig. 2.

(c) « Das zweite rotschwentzlein hat einem halb schwartzen, schwantz von untem an, and ist das weiblein des blankchleins. » Frisch, ibid.

(d) J’ai souvent vu en Brie, en automne, un oiseau qui avait également la queue fort rousse, mais différent de celui-ci (le rossignol de muraille) ; j’avais cru que c’était le même que le charbonnier de Nantua dans la première année. Presque tous les oiseaux changent de couleur à la première mue, et tous les oiseaux qui se nourrissent d’insectes sont sujets à des migrations en automne. » (Note communiquée par M. Hébert.)