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502 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

LE ROUGE-QUEUE (a)

Aristote parle de trois petits oiseaux (*), lesquels, suivant l’énergie des noms qu’il leur donne, doivent avoir pour trait le plus marqué dans leur plu- mage du rouge fauve ou roux de feu. Ces trois oiseaux sont phœnicuros, que Gaza traduit ruticilla ; erithacos, qu’il rend par rubecula (b) ; enfin pyr- rhulas, qu’il nomme rubicilla (c) ; nous croyons pouvoir assurer que le pre- mier est le rossignol de muraille, et le second le rouge-gorge : en effet, ce que dit Aristote que le premier vient pendant l’été près des habitations, et en disparaît à l’automne quand le second s’en approche (d), ne peut, entre tous les oiseaux qui ont du rouge ou du roux dans le plumage, convenir qu’au rouge-gorge et au rossignol de muraille ; mais il est plus dificile de recon- naître le pyrrhulas ou rubicilla.

Ces noms ont été appliqués au bouvreuil par tous les nomenclateurs : on peut le voir à l’article de cet oiseau où l’on rapporte leurs opinions sans les discuter, parce que celte discussion ne pouvait commodément se placer qu’ici ; mais il nous paraît plus que probable que le pyrrhulas d’Aristote, le rubicilla de Théodore Gaza, loin d’être le bouvreuil, est d’un genre tout différent. Aristote fait en cet endroit un dénombrement des petits oiseaux à bec fin qui ne vivent que d’insectes, ou qui du moins en vivent principalement : tels sont, dit-il, le cygalis (le bec-figue), le melan- coryphos (e) (la fauvette à tête noire), le pyrrhulas, l’erithacos, l’hypo-

(a) Phœnicuri species alter. Gessner, Icon. avi., p. 48, avec une très mauvaise figure. — Rotschwentzel. Idem, Avi., p. 731, avec une figure aussi défectueuse. — Phœnicuros alter Ornithol., Aldrovande, Avi., t. II, p. 748, avec la figure de Gessner. — Rotschwentzel Gess- neri. Willughby, Ornithol., p. 160. — Ray, Synops. Avi., p. 78, n° 2. — Pyrrhulas. Jons., Avi., avec la figure empruntée de Gessner, pl. 45. — Rubecula seu phœnicurus. Idem, ibid., avec la figure répétée d’Aldrovande. — Phœnicurus rubicilla. Frisch, avec une bonne figure, tab. 20. — Phœnicurus. Linnæus, Syst. nat., édit. VI, gen. 82, sp. 12. — « Motacilla dorso remigibusque cinereis, abdomine rectricibusque rufis : extimis duabus cinereis, » Erithacus. Idem, édit. X, g. 99, sp. 22. — « Motacilla remigibus cinereis, rectricibus rubris, intermediis duabus cinereis. » Idem, Fauna Suec., n° 225. — « Sylvia gulâ griseâ, caudâ totâ rubra. » Klein, Avi., p. 78, n° 4. — « Ficedula supernè grisea, infernè cinereo alba, rufeseente ad- mixto : uropygio rectricibusque rufis, » Phœnicurus, le rouge-queue. Brisson, Ornithol., t. III, p. 409.

(b) Aristote, Hist. animal., lib. ix, cap. xlix.

(c) Idem, lib. viii, cap. iii.

(d) Voyez ci-devant l’histoire du rossignol de muraille.

(e) Je sais que Belon, et plusieurs naturalistes après lui, ont appliqué aussi au bouvreuil le nom de melancoryphos ; et je suis convaincu encore que ce nom lui est mal appliqué. Aristote parle eu deux endroits du melancoryphos, et dans ces deux endroits de deux oiseaux différents, dont aucun ne peut être le bouvreuil ; premièrement, dans le passage que nous examinons, par toutes les raisons qui prouvent qu’il ne peut pas être le pyrrhulas ; le second

(*) Motacilla erithacus, Tithys, gibraltariensis, atrata Gmel.