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M. Edwards, c’était la pointe du bec qui était noire, et ce noir se changeait par nuances en un orangé terne qui était la couleur de la base du bec et celle des pieds. Le dessous de la queue paraît comme marbré, effet produit par la couleur de ses couvertures inférieures, qui sont noirâtres et terminées de blanc.

La femelle a la tête noire comme le mâle, mais non pas le cou ni les pennes de la queue et des ailes, qui sont d’une teinte moins foncée ; les couleurs du scapulaire sont aussi moins vives.

Cet oiseau est plus petit que notre merle ordinaire, il a le bec, les ailes, les pieds et les doigts plus longs à proportion ; il a beaucoup plus de rapports de grandeur, de conformation et même d’instinct avec le merle à plastron blanc, car il est voyageur comme lui ; cependant il faut avouer que l’un des merles couleur de rose qui a été tué en Angleterre allait de compagnie avec les merles à bec jaune. Sa longueur, prise de la pointe du bec jusqu’au bout de la queue, est de sept pouces trois quarts, et, jusqu’au bout des ongles, de sept pouces et demi ; il en a treize à quatorze de vol, et ses ailes, dans leur repos, atteignent presque l’extrémité de la queue[1].


LE MERLE DE ROCHE[2]

Le nom qu’on a donné à cet oiseau[NdÉ 1] indique assez les lieux où il faut le chercher : il habite les rochers et les montagnes ; on le trouve sur celles du Bugey et dans les endroits les plus sauvages ; il se pose ordinairement sur les grosses pierres et toujours à découvert ; il est très rare qu’il se laisse approcher à la portée du fusil. Dès qu’on s’avance un peu trop, il part et va se poser à une juste distance, sur une autre pierre située de manière qu’il

  1. Voici ses autres dimensions : la queue a 3 pouces, le bec environ 13 lignes, le pied 14, et le doigt du milieu de 14 à 15.
  2. C’est la treizième et la quatorzième grive de M. Brisson, t. II, p. 238 et 240. Les différences de ces deux oiseaux ne m’ont pas paru suffisantes pour constituer deux espèces. M. Linnæus, qui avait fait de cet oiseau une grive dans sa Fauna Suecica, no 187, en fait un corbeau dans son Systema Naturæ, édit. X, p. 107. En général, l’histoire du merle de roche est fort mêlée avec celle du merle bleu et du merle solitaire. Dans les montagnes du Bugey, on lui donne le nom de passereau solitaire, etc. Cet oiseau n’a point de nom grec, car celui de Πετροκόσσυφος appartient au merle bleu, qui n’est point du tout le merle de roche. Voyez Belon, Nature des Oiseaux, p. 316. En latin, turdus seu merulla, seu rubecula, seu rubicilla major, saxatilis, sylvia pectore rubro ; en italien, codirosso maggiore, corossolo, crosserone, tordo marino ; en allemand, stein-roetele, stein-trostel, stein-reitling, blau-koepfiger, otheamsel, grosse-rothe-wiistlich ; en anglais, greater-red start ; en suédois, lappskuta, olycksfogel, si toutefois l’oiseau qui porte ce nom en Suède est le même que notre merle de roche : il paraît avoir des mœurs différentes, car M. Linnæus le représente comme un oiseau hardi, vorace, et qui, bien loin de fuir l’homme, vient enlever les viandes jusque sur sa table.
  1. Merula saxatilis [Note de Wikisource : actuellement Monticola saxatilis Linnæus, vulgairement monticole merle-de-roche].