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500 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

gnées, de chrysalides de fourmis et de petites baies ou fruits tendres. En Italie il va becqueter les figues ; Olina dit qu’on le voit encore dans ce pays en novembre, tandis que dès le mois d’octobre il a déjà disparu de nos con- trées. Il part quand le rouge-gorge commence à venir près des habitations ; c’est peut-être ce qui a fait croire à Aristote et Pline que c’était le même oiseau qui paraissait rouge-gorge en hiver et rossignol de muraille en été (a). Dans leur départ, non plus qu’à leur retour, les rossignols de muraille ne démentent point leur instinct solitaire ; ils ne paraissent jamais en troupes et passent seul à seul (b).

On en connaît quelques variétés, dont les unes ne sont vraisemblablement que des variétés d’âge, et les autres de climat. Aldrovande fait mention de trois, mais la première n’est que la femelle ; il donne pour la seconde la figure très imparfaite de Gessner, et ce n’est que le rossignol de muraille lui-même défiguré ; il n’y a que la troisième qui soit une véritable variété ; l’oiseau porte un long trait blanc sur le devant de la tête ; c’est celui que M. Brisson appelle rossignol de muraille cendré (c), et que Willughby et Ray indiquent d’après Aldrovande (d). Frisch donne une autre variété de la femelle du rossignol de muraille, dans laquelle la poitrine est marquetée de taches rousses (e), et c’est de cette variété que Klein fait sa seconde espèce (f). Le rouge-queue gris d’Edwards (the grey redstart), envoyé de Gibraltar à M. Catesby (g), et dont M. Brisson fait sa seconde espèce (h), pourrait bien n’être qu’une variété de climat. La taille de cet oiseau est la même que celle

plaisants que les vrais rossignols. Ceux-ci sont plus difficiles à élever que les vrais rossi- gnols. » Belon, ubi supra.

(a) « Rubecula et quæ ruticilla (phænicuri) appellantur, invicem transeunt : estque rube- cula hiberni temporis, ruticilla æstivi, nec alio ferè inter se differunt, nisi pectoris colore et caudæ. » Aristote, Hist. animal., lib. ix, cap. xlix. — « Erithacus hieme, idem phænicurus æstate. » Pline, lib. x, cap. xxix. — « Que le rossignol de muraille n’est point tout un avec la rouge-gorge, leurs pieds nous le font à savoir.joint aussi qu’ayant tendu l’esté par les forests, en avons prins des uns et des autres. Le rossignol de muraille apparoist au prin- temps dedans les villes et villages, et fait ses petits dedans les pertuis, lorsque la gorge- rouge s’en est allée au bois. » Belon, Nat. des oiseaux, pages 347, 348.

(b) « Je me promenais, cette année, au parc, un jour qu’il y en avait vraisemblablement une nombreuse passée, car j’en faisais lever dans les charmilles à tout instant, et presque tou- jours seul à seul. J’en approchai plusieurs assez près pour les très bien reconnaître : c’était vers le 15 de septembre. Cet oiseau, très commun à Nantua pendant le printemps et l’été, quitte apparemment les montagnes au commencement de l’automne, sans se fixer cependant dans nos plaines, où il est très rare de le voir dans une autre saison. » (Note communiquée par M. Hébert.)

(c) Ornithol., t. III, p. 406.

(d) Willughby, p. 160. — Ray, Synops., p. 78, n° 1.

(e) Table 20.

(f) Avi., p. 78, n° 10.

(g) Tome Ier, planche 29.

(h) « Ficedula cinereâ ; syncipite candido ; genis, gutture, et collo inferiore nigris ; uro- pygio rufo ; imo ventre albo ; rectricibus binis intermediis fuscis, lateralibus rufis fusco terminatis, utrimque extimâ penitus rufâ, » Ruticilla Gibraltariensis, le rossignol de muraille de Gibraltar. Brisson, Ornithol. t. III, p. 407.