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490 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

beaucoup plus épais que les autres ; la queue est longue de deux pouces et demi, elle est un peu fourchue et dépasse les ailes de près d’un pouce. La longueur entière de l’oiseau est de sept pouces ; la langue est fourchue ; l’œsophage a un peu plus de trois pouces, il se dilate en une espèce de poche glanduleuse avant son insertion dans le gésier, qui est très gros, ayant un pouce de long sur huit lignes de large ; il est musculeux, doublé d’une mem- brane sans adhérence ; on y a trouvé des débris d’insectes, diverses petites graines et de très petites pierres ; le lobe gauche du foie qui recouvre le gésier est plus petit qu’il n’est ordinairement dans les oiseaux ; il n’y a point de vésicule du fiel, mais deux cæcums d’une ligne et demie chacun ; le tube intestinal a dix à onze pouces de longueur.

Quoique cet oiseau habite les montagnes des Alpes, voisines de France et d’Italie, et même celles de l’Auvergne et du Dauphiné, aucun auteur n’en a parlé. M. le marquis de Piolenc a envoyé plusieurs individus à M. Guéneau de Montbeillard, qui ont été tués dans son comté de Montbel le 18 janvier 1778. Ces oiseaux ne s’éloignent des hautes montagnes que quand ils y sont forcés par l’abondance des neiges : aussi ne les connaît-on guère dans les plaines ; ils se tiennent communément à terre, où ils courent vite en filant comme la caille et la perdrix, et non en sautillant comme les autres fauvettes ; il se pose aussi sur les pierres, mais rarement sur les arbres ; ils vont par petites troupes, et ils ont pour se rappeler entre eux un cri semblable à celui de la lavandière : tant que le froid n’est pas bien fort on les trouve dans les champs, et lorsqu’il devient plus rigoureux ils se rassemblent dans les prai- ries humides où il y a de la mousse, et on les voit alors courir sur la glace ; leurs dernières ressources ce sont les fontaines chaudes et les ruisseaux d’eaux vives : on les y rencontre souvent en cherchant des bécassines ; ils ne sont pas bien farouches, et cependant ils sont difficiles à tuer, surtout au vol.

LE PITCHOU

On nomme en Provence pitchou un très petit oiseau (*) qui nous paraît plus voisin des fauvettes que d’aucun autre genre : il a cinq pouces un tiers de longueur totale, dans laquelle la queue est pour près de moitié ; on pourrait croire que le nom de pitchou lui vient de ce qu’il se cache sous les choux : en effet, il y cherche les petits papillons qui y naissent, et le soir il se tapit et se loge entre les feuilles du chou pour s’y mettre à l’abri de la chauve-souris, son ennemie, qui rôde autour de ce froid domicile. Mais plusieurs personnes m’ont assuré que le nom pitchou n’a nul rapport aux choux, et signifie sim-

(*) Motacilla provincialis Gmel.