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LA FAUVETTE DES ALPES. 489

Albin dit qu’elle a en Angleterre des petits dès le commencement de mai, qu’on les élève aisément, qu’ils ne sont point farouches et deviennent même très familiers, et qu’enfin ils se font estimer pour leur ramage, quoique moins gai que celui des autres fauvettes (a).

Leur départ de France au printemps, leur fréquence dans les pays plus septentrionaux dans cette saison, est un fait intéressant dans l’histoire de la migration des oiseaux : et c’est la seconde espèce à bec effilé, après l’alouette-pipi, dont il a été parlé à l’article des alouettes, pour qui la tem- pérature de nos étés semble être trop chaude, et qui ne redoutent pas les rigueurs de nos hivers, qui fuient néanmoins tous les autres oiseaux de leur genre ; et cette habitude est peut-être suffisante pour les en séparer, ou du moins pour les en éloigner à une petite distance.

LA FAUVETTE DES ALPES

On trouve sur les Alpes et sur les hautes montagnes du Dauphiné et de l’Auvergne cet oiseau (*), qui est au moins de la taille du proyer, et qui par conséquent surpasse de beaucoup toutes les fauvettes en grandeur ; mais il se rapproche de leur genre par tant de caractères, que nous ne devons pas l’en séparer. Il a la gorge fond blanc, tacheté de deux teintes différentes de brun ; la poitrine est d’un gris cendré ; tout le reste du dessous du corps est varié de gris plus ou moins blanchâtre, et de roux ; les couvertures infé- rieures de la queue sont marquées de noirâtre et de blanc, le dessus de la tête et du cou, gris cendré ; le dos est de la même couleur, mais varié, de brun ; les couvertures supérieures des ailes sont noirâtres, tachetées de blanc à la pointe ; les pennes de l’aile sont brunes, bordées extérieurement, les grandes de blanchâtre, les moyennes de roussâtre ; les couvertures supé- rieures de la queue sont d’un brun bordé de gris verdâtre, et, vers Je bout, de roussâtre ; toutes les pennes de la queue sont terminées en dessus par une tache roussâtre sur le côté intérieur ; le bec a huit lignes de longueur, il est noirâtre dessus, jaune dessous à la base, et n’a point d’échancrure ; les pieds sont jaunâtres ; le tarse est long d’un pouce ; l’ongle postérieur est

(a) Une fauvette d’hiver, gardée pendant cette saison chez M. Daubenton le jeune, et prise au piège en automne, n’était pas plus farouche que si on l’eût prise dans le nid. On l’avait mise dans une volière remplie de serins, de linottes et de chardonnerets : un serin, s’était tellement attaché à cette fauvette qu’il ne la quittait point ; cette préférence parut assez marquée à M. Daubenton pour les tirer de la volière générale, et les mettre à part dans une cage à nicher ; mais cette inclination n’était apparemment que de l’amitié, non de l’amour et ne produisit point d’alliance. Il est plus que probable que l’alliance n’eût point produit de génération.

(*) Motacilla alpina Gmel.