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484 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

qui ne peut appartenir au genre des fauvettes ; et si l’oiseau de la page 733 (avis consimilis stoparola et magnanima) est la fauvette de roseaux, comme le dit M. Brisson, et, comme on peut le croire, il est très difficile d’imaginer que la salicaria de la page 737 soit le même. Tel est l’embarras de démêler dans Aldrovande les espèces qu’il a voulu rapporter à un genre qu’il parait n’avoir pas connu par lui-même : et on voit par l’exemple de ce naturaliste, si estimable d’ailleurs, combien il est dangereux de ne parler que sur des relations souvent fautives, souvent confuses, et qui ne peignent jamais la nature avec la vérité nécessaire pour la reconnaître et la juger.

LA PETITE FAUVETTE ROUSSE (a)

HUITIÈME ESPÈCE.

Belon dit avoir pris beaucoup de peine à trouver à la petite fauvette rousse une appellation antique (b), et il finit par se tromper en lui appliquant celle de troglodyte : il semble même s’en apercevoir quand il rapporte sa fauvette rousse au troglodyte indiqué par Ætius et Paul Æginète ; car il observe que leur texte s’applique bien mieux au roitelet brun qu’à la fauvette rousse ; et ce roitelet est en effet le véritable troglodyte, auquel nous rendrons à son article ce nom qui lui appartient de tout temps.

La fauvette rousse (*) n’est donc point le troglodyte ; cette dénomination ne peut convenir qu’à un oiseau qui fréquente les cavernes, les trous des rochers et des murs, habitude qui n’est celle d’aucune fauvette, et que néanmoins Belon leur suppose, entraîné par son idée et par la prévention d’une fausse étymologie du nom de fauvette : a foveis (c).

Celle-ci fait communément cinq petits, mais ils deviennent souvent la proie des oiseaux ennemis, surtout des pies-grièches. Les œufs de cette fauvette

(a) En allemand, weiden zeisig, kleinste gras-mucke, suivant Frisch, qui, dans l’ordre de sa nomenclature, nomme cet oiseau muscipeta minimus, avec une figure, tab. 24. — Petite fauvette ou fauvette rousse. Belon, Nat. des Oiseaux, p. 341, avec une figure peu exacte ; la même, Portrait d’oiseaux, p. 85, 6. — « Passer troglodytes Bellonii. » Aldrovande, Avi., t. II, p. 656, avec la figure copiée de Belon. — Jonston, Avi., p. 82 ; la même figure, tab. 42. __Ficedula supernè griseo rufa, infernè dilutè rufescens ; tæniâ supra oculos dilutè rufes- cente ; rectricibus griseo-rufis, oris exterioribus dilutè rufescentibus... » Curruca rufa, la fauvette rousse. Brisson, Ornithol., t. III, p. 387.

(b) Nat. des Oiseaux, p. 34.

(c) « Car la fauvette prend ce nom de ce qu’elle entre dedans les fossettes et creux des mu- railles, retenant le même nom en françois que les Latins ont pris des Grecs. » Belon, Nat. des Oiseaux, p. 340. — Le nom de fauvette vient de leur couleur fauve, qui est celle de la plupart de ces oiseaux ; et cette étymologie, que Belon rejette, est la véritable, dit Ménage.

(*) Motacilla rufa L.