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LA FAUVETTE DE ROSEAUX. 483

de terre ; il est composé de pailles et de brins d’herbe sèche, d’un peu de crin en dedans : il est construit avec plus d’art que celui des autres fauvettes : on y trouve ordinairement cinq œufs blanc sale, marbrés de brun plus foncé et plus étendu vers le gros bout.

Les petits, quoique fort jeunes et sans plumes, quittent le nid quand on y touche et même quand on l’approche de trop près : cette habitude, qui est propre aux petits de toute la famille des fauvettes, et même à cette espèce qui niche au milieu des eaux, semble être un caractère distinctif du naturel de ces oiseaux.

On voit pendant tout l’été cette fauvette s’élancer du milieu des roseaux pour saisir au vol les demoiselles et autres insectes qui voltigent sur les eaux ; elle ne cesse en même temps de faire entendre son ramage (a) ; et, pour dominer seule dans un petit canton, elle en chasse les autres oiseaux (b), et demeure maîtresse dans son domicile, qu’elle ne quitte qu’au mois de sep- tembre pour partir avec sa famille.

Elle est de la grandeur de la fauvette à tête noire, ayant cinq pouces quatre lignes de longueur et huit pouces huit lignes de vol ; son bec est long de sept lignes et demie ; les pieds de neuf ; sa queue de deux pouces ; l’aile pliée s’étend un peu au delà du milieu de la queue ; elle a tout le dessus du corps d’un gris roussâtre clair, tirant un peu à l’olivâtre près du croupion ; les pennes des ailes plus brunes que celles de la queue ; les cou- vertures inférieures des ailes sont d’un jaune clair ; la gorge et tout le devant du corps jaunâtre, sur un fond blanchâtre, altéré sur les côtés et vers la queue de teintes brunes.

Il n’y a nulle apparence que la petronella de Schwenckfeld, oiseau qui niche sous les rochers à plate-terre, qu’on ne voit que dans les endroits escarpés des montagnes, qui remue incessamment la queue, comme la lavan- dière (c), soit notre fauvette de roseaux ; et nous ne voyons pas sur quoi M. Brisson a pu l’y rapporter ; car, suivant le plumage même que lui donne Schwenckfeld, ce serait plutôt une sorte de rossignol de muraille ou de queue-rouge.

Si l’oiseau de sauge (sedge bird) d’Albin (d) est aussi la fauvette de roseaux, la figure qu’il en donne est bien mauvaise, et toutes les couleurs en sont fausses. Ce n’est point peindre, c’est masquer la nature que de la charger d’images infidèles. La figure donnée dans Aldrovande, et empruntée de Gessner, sous le nom de salicaria, porte un bec de beaucoup trop gros, et

(a) « C’est un oiseau très babillard ; en Brie, où on l’appelle effarvatte, on dit en pro- verbe : babiller comme une effarvatte. » Note communiquée par M. Hébert. — Mais nous devons observer que le véritable effarvatte est cet oiseau que nous avons indiqué, ci-devant p. 71, sous ce même nom, et sous celui de petite rousserolle.

(b) Gessner.

(c) Schwenckfeld, Aviar. Siles., p. 330.

(d) Tome III, page 26, p). 60.