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LA ROUSSETTE OU LA FAUVETTE DES BOIS. 481

sette (a) ou fauvette des bois(*) de son mouchet (b), que nous verrons être la fauvette d’hiver, nous aurions regardé ces deux oiseaux comme le même, et nous n’en eussions fait qu’une espèce ; nous ne savons pas encore si elles sont différentes, car les ressemblances paraissent si grandes et les différences si petites, que nous réunirions ces deux oiseaux si Belon, qui les a peut-être mieux observés que nous, ne les avait pas séparés d’espèce et de nom.

Comme toutes les fauvettes, celle-ci est toujours gaie, alerte, vive, et fait souvent entendre un petit cri ; elle a de plus un chant qui, quoique mono- tone, n’est point désagréable ; elle le perfectionne lorsqu’elle est à portée d’entendre des modulations plus variées et plus brillantes (c). Ses migrations semblent se borner à nos provinces méridionales ; elle y paraît l’hiver (d) et chante dans cette saison : au printemps elle revient dans nos bois, préfère les taillis et y construit son nid de mousse verte et de laine ; elle pond quatre ou cinq œufs d’un bleu céleste.

Ses petits sont aisés à élever et à nourrir, et l’on en prend volontiers la peine pour le plaisir que donne leur familiarité, leur petit ramage et leur gaieté. Ces oiseaux ne laissent pas d’être courageux. « Ceux que j’élevais,

dit M. de Querhoënt, se faisaient redouter de beaucoup d’oiseaux aussi gros qu’eux ; au mois d’avril je donnai la liberté à tous mes petits prisonniers ; les roussettes furent les dernières à en profiter. Comme elles allaient sou- vent faire de petites promenades, les sauvages de la même espèce les poursuivaient, mais elles se réfugiaient sur la tablette de ma fenêtre, où elles tenaient bon ; elles hérissaient leurs plumes, chaque parti fredonnait une petite chanson et becquetait la planche à la manière des coqs, et le combat s’engageait aussitôt avec vivacité. »

Cette fauvette est la seule que nous n’ayons pu décrire d’après nature ; la description qu’on nous donne du plumage nous confirme dans la pensée que cette espèce est au moins très voisine de celle de la fauvette d’hiver, si ce n’est pas précisément la même : celle-ci a la tête, le dessus du cou, la poitrine, le dos et le croupion variés de brun et de roux, chaque plume étant dans son milieu de la première couleur, et bordée de la seconde ; les plumes scapulaires, les couvertures du dessus des ailes et de la queue, variées de même et des mêmes couleurs ; la gorge, la partie inférieure du cou, le ventre

supernè fusco et rufo varia, infernè rufescens, pectore dorso concolore ; remigibus fuscis ;

oris exterioribus rufis ; rectricibus penitùs fuscis. » Curruca sylvestris sive lusciniola, la fauvette des bois ou la roussette, Brisson, Ornithol., t. III, p. 393.

(a) Nature des Oiseaux, p. 338.

(b) Idem, ibidem, p. 375.

(c) « Ceux que j’élevais m’ont paru avoir un chant plus mélodieux que les sauvages, peut-être parce qu’ils entendaient assez souvent jouer du violon ; ils chantaient assez fré- quemment. » Note de M. le vicomte de Querhoënt.

(d) « Elle ne quitte point le pays, et chante l’hiver comme le roitelet. » Idem.

(*) Motacilla Schœnobœnus L.