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474 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

à tête noire (a) ; cette prétendue métamorphose, qui a fort exercé les natura- listes, a été regardée des uns comme merveilleuse, et rejetée des autres comme incroyable (b) ; cependant elle n’est ni l’un ni l’autre, et nous paraît très simple : les petits de la fauvette dont nous parlons ici sont, pendant tout l’été, très semblables par le plumage au becfigue ; ce n’est qu’à la première mue qu’ils prennent leurs couleurs, et c’est alors que ces prétendus becfigues se changent en fauvettes à tête noire ; cette même interprétation est celle du passage où Pline parle de ce changement (c).

Aldrovande, Jonston et Frisch, après avoir décrit la fauvette à tête noire (*), paraissent faire une seconde espèce de la fauvette à tête brune (d) ; cepen- dant celle-ci n’est que la femelle de l’autre, et il n’y a d’autres différences entre le mâle et la femelle que celle de la couleur de la tête, noire dans le premier et brune dans la seconde : en effet, une calotte noire couvre, dans le mâle, le derrière de la tête et le sommet, jusque sur les yeux ; au-dessous et à l’entour du cou est un gris ardoisé, plus clair à la gorge, et qui s’éteint sur la poitrine dans du blanc, ombré de noirâtre vers les flancs ; le dos est d’un gris brun, plus clair aux barbes extérieures des pennes, plus foncé sur les inférieures, et lavé d’une faible teinte olivâtre. L’oiseau a de longueur cinq pouces cinq lignes ; huit pouces et demi de vol.

La fauvette à tête noire est, de toutes les fauvettes, celle qui a le chant le plus agréable et le plus continu ; il tient un peu de celui du rossignol, et l’on en jouit bien plus longtemps, car plusieurs semaines après que ce chantre

Fauna Suec., n° 229, avec de mauvaises figures du mâle et de la femelle, tab. 1, n° 229. — Capinera, Olina, p. 9, avec une figure exacte du mâle. — « Ficedula supernè griseo fusca, ad olivaceum inclinans, infernè grisea ; ventre cinereo albo ; capite superiùs nigro (Mas), dilutè castaneo (Fœmina) ; rectricibus cinereo fuscis, oris exterioribus fusco-olivaceis. »

Curruca atricapilla, la fauvette à tête noire. Brisson, Ornithol., t. III, p. 380.

(a) « Ficedulæ et atricapillæ invicem commutantur ; fit enim ineunte autumno ficedula, ab autumno protinus atricapilla. Nec enim iter eos discrimen aliquod nisi coloris et vocis est. Avem autem esse eamdem constat : quia dum immutaretur hoc genus utrumque conspec- tum est, nondum absolutum, nec alterutum adhuc proprium ulbum habens appellationis. Nec mirum si hæc ita voce, aut colore mutatur, quando et palumbes hieme non gemit. » Voyez Hist. animal., lib. ix, cap. xlix. Quant à l’autre passage du même livre, chap. xv, où Aristote parle encore d’un oiseau à tête noire, atricapilla, qui « pond jusqu’à vingt œufs, et niche dans des trous d’arbres, » on doit l’entendre de la nonette ou petite mésange à tête noire, à qui seule ces caractères peuvent convenir.

(b) Niphus, dans Aldrovande, s’efforce de résoudre ce problème en distinguant une grande et une petite tête noire, cette dernière n’étant point transmuée en becfigue, et qu’on voit en même temps que cet oiseau, l’autre qu’on ne voit jamais avec lui, et qui effectivement se métamorphose. « Les oiseleurs bolonais, ajoute Aldrovande, les distinguent ainsi ; » et cepen- dant il se refuse à cette opinion ; et l’instant d’après il confond la fauvette à tête noire avec le bouvreuil, quoique la figure qu’il donne (page 757) soit celle de la fauvette.

(c) « Alia ratio ficedulis quam lusciniis ; nam formam simul coloremque mutant. Hoc nomen nisi autumno, postea melancoryphi. » Pline, Hist. nat., lib.

(d) Atricapilla altera. Jonston, Avi., p. 90, pl. 45. — Atricapilla alia castaneo vertice. Aldrovande, Avi., t. II, p. 757. — Curruca vertice subrubro. Frisch, pl. 23.

(*) Motacilla atricapilla L.