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des débris de grains de genièvre et rien autre chose ; le canal intestinal, mesuré entre ses deux orifices extrêmes, avait environ vingt pouces ; le ventricule ou gésier se trouvait placé entre le quart et le cinquième de sa longueur ; enfin j’aperçus quelques vestiges de cæcums, dont l’un paraissait double.


VARIÉTÉS DU MERLE À PLASTRON BLANC

I.Les merles blancs ou tachetés de blanc.

J’ai dit que la plupart de ces variétés devaient se rapporter à l’espèce du plastron blanc ; et en effet, Aristote, qui connaissait les merles blancs, en fait une espèce distincte du merle ordinaire, quoique ayant la même grosseur et le même cri ; mais il savait bien qu’ils n’avaient pas les mêmes habitudes, et qu’ils se plaisaient dans les pays montueux[1]. Belon ne reconnaît non plus d’autres différences entre les deux espèces que celle du plumage et celle de l’instinct, qui attache le merle blanc aux montagnes[2]. On le trouve, en effet, non seulement sur celles d’Arcadie, de Savoie et d’Auvergne, mais encore sur celles de Silésie, sur les Alpes, l’Apennin, etc.[3]. Or, cette disparité d’instinct par laquelle le merle blanc s’éloigne de la nature du merle ordinaire est un trait de conformité par lequel il se rapproche de celle du merle à plastron blanc. D’ailleurs, il est oiseau de passage comme lui, et passe dans le même temps ; enfin n’est-il pas évident que la nature du merle à plastron blanc a plus de tendance au blanc, et n’est-il pas naturel de croire que la couleur blanche qui existe dans son plumage peut s’étendre avec plus de facilité sur les plumes voisines, que le plumage du merle ordinaire ne peut changer en entier du noir au blanc ? Ces raisons m’ont paru suffisantes pour m’autoriser à regarder la plupart des merles blancs, ou tachetés de blanc, comme des variétés dans l’espèce du merle à plastron blanc. Le merle blanc que j’ai observé avait les pennes des ailes et de la queue plus blanches que tout le reste, et le dessus du corps, excepté le sommet de la tête, d’un gris plus clair que le dessous du corps. Le bec était brun, avec un peu de jaune sur les bords ; il y avait aussi du jaune sous la gorge et sur la poitrine, et les pieds étaient d’un gris brun foncé. On l’avait pris aux environs de Montbard dans les premiers jours de novembre, avant qu’il eût encore gelé, c’est-à-dire au temps juste du

  1. « Circa Cyllenem Arcadiæ familiare, nec usquam alibi nascens. » Hist. animal., lib. ix, cap. xix.
  2. Voyez Nature des Oiseaux, p. 317, où Belon dit expressément que ce merle ne descend jamais des montagnes.
  3. Willughby, Ornithologia, p. 140.