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LA FAUVETTE. 469

LA FAUVETTE (a)

PREMIÈRE ESPÈCE.

Le triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil ou plutôt de la torpeur de la nature ; les insectes sans vie, les reptiles sans mouvement, les végétaux sans verdure et sans accroissement, tous les habitants de l’air détruits ou relégués, ceux des eaux renfermés dans des prisons de glace, et la plupart des animaux terrestres confinés dans les cavernes, les antres et les terriers ; tout nous présente les images de la langueur et de la dépopu- lation ; mais le retour des oiseaux au printemps est le premier signal et la douce annonce du réveil de la nature vivante ; et les feuillages renaissants et les bocages revêtus de leur nouvelle parure sembleraient moins frais et moins touchants sans les nouveaux hôtes qui viennent les animer et y chanter l’amour.

De ces hôtes des bois les fauvettes (*) sont les plus nombreuses comme les plus aimables : vives, agiles, légères et sans cesse remuées, tous leurs mou- vements ont l’air du sentiment, tous leurs accents le ton de la joie, et tous leurs jeux l’intérêt de l’amour. Ces jolis oiseaux arrivent au moment où les arbres développent leurs feuilles et commencent à laisser épanouir leurs fleurs ; ils se dispersent dans toute l’étendue de nos campagnes ; les uns vien-

(a) « Motacilla, virescente-cinerca, artubus fuscis, subtus flavescens, abdomine albo, Sca- tarello vulgo. » Aldrovande, Avi., t. II, p. 759, avec une mauvaise figure, p. 760. — « Fi- cedula septima Aldrovandi. « Willughby, Ornithol., p. 158. — Ray, Synops. avi., p. 79, n° a, 7. — « Ficedula septima. » Linn., Syst. nat., édit. VI, g. 82, sp. 19. — Idem, Fauna Suecica, n° 234. « Motacilla virescente-cinerea, subtus flavescens abdomine albido, artubus succin. » Hippolaïs, Linnæus, Syst. nat., édit. X, g. 99, sp. 7. — « Ficedula supernè griseo-fusca, infernè alba, cum aliquâ rufescentis mixturâ ; tæniâ supra oculos albicante ; rectricibus fuscis, oris exterioribus griseo-fuscis, extimâ obliquè plusquam dimidiatim sor- didè albâ, » Curruca, la fauvette. Brisson, Ornithol., t. III, p. 372. — Les Italiens, con- fondant apparemment le bec-figue et la fauvette, parce que le plumage est à peu près sem- blable et qu’on ne peut les bien distinguer que par leurs mœurs, nomment cette dernière beccafico. Dans le Boulonais on l’appelle scalarello, suivant Aldrovande ; colombade en Pro- vence, et pettichaps dans la province d’York en Angleterre.

(*) Les Fauvettes (Sylvia) sont des Passereaux du groupe des Dentirostes, de la famille des Sylviades. Elles ont le bec subulé, la queue large et arrondie, les tarses recouverts en avant de scutelles.