Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/494

Cette page n’a pas encore été corrigée

468 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

II. — LE ROSSIGNOL BLANC (a).

Cette variété était fort rare à Rome. Pline rapporte qu’on en fit présent à Agrippine, femme de l’empereur Claude, et que l’individu qui lui fut offert coûta six mille sesterces (b), que Budé évalue à quinze mille écus de notre monnaie, sur le pied où elle était de son temps, et qui s’évaluerait aujourd’hui à une somme numéraire presque double ; cependant Aldrovande prétend qu’il y a erreur dans les chiffres, et que la somme doit être encore plus grande (c). Cet auteur a vu un rossignol blanc, mais il n’entre dans aucun détail. M. le mar- quis d’Argens en a actuellement un de cette couleur, qui est de la plus grande taille, quoique jeune, et dont le chant est déjà formé, mais moins fort que celui des vieux : « Il a, dit M. le marquis d’Argens, la tête et le cou du plus beau blanc, les ailes et la queue de même ; sur le milieu du dos ses plumes sont d’un brun fort clair et mêlées de petites plumes blanches.... ; celles qui sont sous le ventre sont d’un gris blanc. Ce nouveau venu paraît causer une jalousie étonnante à un vieux rossignol que j’ai depuis quelque temps. »

OISEAU ÉTRANGER

QUI A RAPPORT AU ROSSIGNOL

LE FOUDI-JALA (d).

Ce rossignol (*), qui se trouve à Madagascar, est de la taille du nôtre, et lui ressemble à beaucoup d’égards : seulement il a les jambes et les ailes plus courtes, et il en diffère aussi par les couleurs du plumage ; il a la tête rousse avec une tache brune de chaque côté ; la gorge blanche, la poitrine d’un roux clair, le ventre d’un brun teinté de roux et d’olive ; tout le dessus du corps, compris ce qui paraît des pennes de la queue et des ailes, d’un brun olivâtre ; le bec et les pieds d’un brun foncé. M. Brisson, à qui l’on doit la connaissance de cette espèce, ne dit point si elle chante, à moins qu’il n’ait cru l’avoir dit assez en lui donnant le nom de rossignol.

Longueur totale, six pouces cinq lignes ; bec, neuf lignes ; tarse, neuf lignes et demie ; vol, huit pouces et demi ; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes, un peu étagée, dépasse les ailes d’environ vingt lignes.

(a) Luscinia candida, le rossignol blanc. Brisson, t. III, p. 401.

(b) Pline, Hist. nat., lib. x, cap. xxix.

(c) Aldrovande, Ornithol., t. II, p. 771.

(d) « Ficedula supernè fusco-olivacca, capite rufo ; gutture albo ; pectore dilutè rufo ; ventre ex fusco ad rufum et olivaceum inclinante ; maculâ utrimque ponè oculos fusca ; rectricibus supernè fusco-olivaceis, sublus viridi-olivaceis... » Luscinia madagascariensis, le rossignol de Madagascar, où on l’appelle foudi-jala. Brisson, t. III, p. 401.

(*) Luscinia madagascariensis (Motacilla madagascariensis Gmel.).