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VARIÉTÉS DU ROSSIGNOL. 467

Tube intestinal, du ventricule à l’anus, sept pouces quatre lignes ; œso- phage près de deux pouces, se dilatant en une espèce de poche glanduleuse avant son insertion dans le gésier ; celui-ci musculeux, il occupait la partie gauche du bas-ventre, n’était point recouvert par les intestins, mais seule- ment par un lobe du foie ; deux très petits cæcums, une vésicule du fiel, le bout de la langue garni de filets et comme tronqué, ce qui n’était pas ignoré des anciens (æ), et peut avoir donné lieu à la fable de Philomèle qui eut la langue coupée.

VARIÉTÉS DU ROSSIGNOL

I. — LE GRAND ROSSIGNOL

Il est certain qu’il y a variété de grandeur dans cette espèce, mais il y a beaucoup d’incertitudes et de contrariétés dans les opinions des naturalistes sur les endroits où se trouvent les grands rossignols (*) : c’est dans les plai- nes et au bord des eaux, selon Schwenckfeld, qui assigne aux petits les coteaux agréables ; c’est dans les forêts, selon Aldrovande ; selon d’autres, au contraire, ceux qui habitent les forêts sèches et n’ont que la pluie et les gouttes de rosée pour se désaltérer sont les plus petits, ce qui est très vrai- semblable. En Anjou, il est une race de rossignols beaucoup plus gros que les autres, laquelle se tient et niche dans les charmilles ; les petits se plai- sent sur les bords des ruisseaux et des étangs. M. Frisch parle aussi d’une race un peu plus grande que la commune, laquelle chante plus la nuit, et même d’une manière un peu différente ; enfin, l’auteur du Traité du rossi- gnol admet trois races de rossignols : il place les plus grands, les plus robustes, les mieux chantants dans les buissons à portée des eaux, les moyens dans les plaines, et les plus petits de tous sur les montagnes. Il résulte de tout cela qu’il existe une race, ou, si l’on veut, des races de grands rossi- gnols, mais qui ne sont point attachées à une demeure bien fixe. Le grand rossignol est le plus commun en Silésie : il a le plumage cendré avec un mélange de roux, et il passe pour chanter mieux que le petit.

(a) « Proprium lusciniæ et atricapillæ ut summæ linguæ acumine careant. » Aristote, Hist. animal., lib. ix, cap. xv. Au reste, il faut remarquer que suivant les Grecs, qui sont ici les auteurs originaux, ce fut Progné qui fut métamorphosée en rossignol, et Philomèle sa sœur en hirondelle : ce sont les écrivains latins qui ont changé ou brouillé les noms, et leur erreur a passé en force de loi.

(b) Luscinia major, en allemand, grosse-nachtigalle, ou simplement nachtigalle. Schwenck- feld, Av. Siles., p.296. — Rzaczynski, Auctuar. Polon., p. 391 ; en polonais, slowick wiekszy. — Brisson, t. III, p. 400. — Au vogel, auen nachtigall. Cramer, Elenchus, p. 376. — Spross- vogel ou sprosser en allemand. Frisch, t. Ier, pl. 21.

(*) Philomela Bechst.